Genre majeur, genre mineur

Publié le par Yves-André Samère

La hiérarchisation du statut des écrivains français me semble curieuse. Ceux que l’on a coutume de qualifier de « grands écrivains », au vingtième, voire au vingt-et-unième siècles, paraissent à mes yeux suivre la même voie que les romantiques du dix-neuvième : ils ne parlent que d’eux-mêmes. Le plus souvent à l’abri derrière un personnage fictif, mais qui leur sert de faux nez – ou de porte-parole, si vous préférez. Par une étrangeté que je ne m’explique pas, le monde, notre monde, leur est étranger. Les préoccupations de nos contemporains, sauf s’ils vivent aux antipodes (Ah, les Canaques ! Ah, les Aborigènes !) ne les atteignent jamais.

Avez-vous jamais lu chez Albert Camus un quelconque souci de l’augmentation du prix de l’essence ? Chez Sartre, la moindre préoccupation du niveau scolaire chez les élèves de sixième ? Chez Proust, l’inquiétude du résultat des élections législatives ? Chez Mauriac, un début d’angoisse à propos du salaire des infirmières ? Chez Simone de Beauvoir, un souci à l’égard des tarifs pratiqués par les plombiers ? Chez Aragon, une hantise concernant la crise du logement ? Chez Michel Tournier, une anxiété sur l’augmentation des tarifs de la RATP ? Chez Marguerite Yourcenar, un tourment concernant le retour de la grippe à chaque automne ?

Le comble est que ces vedettes de l’édition, quasiment toutes, dédaignaient (ou dédaignent, Tournier vit toujours) tout autre littérature que la leur. Le roman policier, de science-fiction, de fantastique, d’anticipation, tout cela, ce sont des « genres mineurs ».

Cette question m’intéresse, et vous n’avez pas fini de me voir écrire là-dessus.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

Y
<br /> Merci pour cette approbation. Je compte développer un peu tout cela dans les jours qui viennent, car il y a encore beaucoup à dire sur le roman policier et les œuvres de SF.<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Bonjour,<br /> <br /> Les qualités d'un "grand écrivain" réside peut-être dans une description minitieuse du quotidien. Camus était également un philosophe de l'absurde (ne l'oublions pas). En cela, il s'inscrivait dans<br /> une actualité toujours contemporaine (ex: le mythe de Sisyphe). Je vous rejoins toutefois en grande partie dans votre argumentation.<br /> <br /> Merci pour cet article.<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> Ces problèmes, en tout cas, préoccupaient ma famille, car nous étions fauchés.<br /> <br /> Mais ce que je voulais dire, et que je dirai plus complètement dans les jours qui suivront, c’est que la littérature considérée comme sérieuse plane très au-dessus des soucis du vulgum pecus. Alors<br /> que le roman policier ou de SF-anticipation-fantastique, lui, est très proche du réel (si-si !) et des gens. Patience, ce sera facile à démontrer. C’est aussi valable pour le cinéma, du reste,<br /> bien que cette affirmation semble paradoxale.<br /> <br /> (NB : je n’ai pas cité BHL parmi les grands écrivains, car c’est à jeun que j’ai écrit cet article)<br /> <br /> <br />
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O
<br /> je ne suis pas sur que ces problèmes,de l'époque en question,préoccupaient bcp de monde... on faisait le plein avec 10 NF quand j'étais petit en 1962 par exemple,et à cette époque si le beefsteack<br /> paraissait trop cher,et bien on mangeait du poulet ss trop se poser de questions ,cela pour le pékin moyen,alors un prix Nobel !!!<br /> n'était pas Bhl qui voulait à cette époque ,il fallait un vrai talent ou de réelles qualités pour etre connu ...et les préoccupations de cette élite était d'une autre élévation que celles<br /> colportées par Tf1 et consort ...<br /> <br /> <br />
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