Giscard aussi peut mentir
Au temps où Thierry Le Luron était l’un des trois persifleurs de France, les deux autres étant Desproges et Coluche, il avait inséré dans son spectacle une parodie intitulée Mentir – sur la musique d’une chanson interprétée par Julien Clerc, Partir. Cette parodie visait directement le président de la République de l’époque, Valéry Giscard qui se disait d’Estaing, et qui était l’une de ses têtes de Turc.
Si Thierry, mort prématurément du sida en 1986, revenait, ce qui ne nous ferait pas de mal vu qu’on s’embête à cent sous de l’heure dans la France d’aujourd’hui, il serait ravi de constater que sa chanson est toujours d’actualité, et que Giscard, qu’on a revu à la télé cette semaine, et de moins en moins mort – contrairement à son rival détesté Chirac –, n’a perdu ni sa dent dure ni son appétence pour le mensonge. Comme quoi Sarkozy n’a rien inventé.
En effet, invité à évoquer la campagne électorale qui lui a valu d’entrer à l’Élysée, le roturier auvergnat qui voulait tant être noble nous a sorti cette perle : il avait fait filmer ladite campagne par Raymond Depardon, et, a dit-il affirmé, ce film, qui n’était destiné qu’aux archives de l’Histoire, était ressorti « quelque temps après » dans les salles.
Quelque temps après. Admirez l’artiste... et les trois ou quatre journalistes-sic qui lui passaient les plats sur la plateau de télévision : pas un ne lui a fait remarquer que ce film ressorti « quelque temps après » sous le titre 1974, une partie de capmpagne, il en avait interdit la diffusion parce qu’il n’y était pas à son avantage, et que cette sortie n’a eu lieu que le 20 février 2002 ! Si-si, VINGT-HUIT ANS de purgatoire pour un reportage tout à fait objectif, mais où Sa Majesté se montrait tel qu’Elle était.