Giscard, réformateur maladroit

Publié le par Yves-André Samère

En tant que président de la République entre 1974 et 1981, Giscard a commis beaucoup d’erreurs, dont certaines lui ont fait des ennemis… dans son propre camp ! Si bien que sa réélection n’a pas eu lieu, et il est le seul président, avant Sarkozy, à s’être fait battre lorsqu’il voulut se représenter.

Élu par la droite, avec l’appui du parti centriste qu’il avait fondé (les Républicains indépendants), Giscard voulut être apprécié par l’ensemble du peuple ; aussi fit-il, la première année, une politique ouvertement de gauche, et adopta – en apparence – l’attitude qu’il pensait devoir plaire au peuple. Lorsqu’il prit son poste, il entra à l’Élysée à pied, chose inconcevable avant lui (c’est aussi à pied qu’il en partit sept ans plus tard, mais sous les huées de la foule massée dans la rue du Faubourg-Saint-Honoré). Il remonta les Champs-Élysées dans le même appareil, et, lorsqu’il conduisait en privé sa voiture (ou celle d’un autre, par exemple Roger Vadim), il n’avait pas de chauffeur. Il inventa aussi d’aller dîner chez des particuliers (soigneusement choisis, néanmoins), et il invita un matin les éboueurs du quartier de la Présidence à venir prendre le petit déjeuner en sa compagnie. Hélas, maladroit ou mal renseigné, il leur offrit ensuite une bouteille de champagne – du champagne au petit-déjeuner, mazette, il avait dû revoir Breakfast at Tiffany’s –, or ils étaient musulmans !

Plus sérieusement, il accomplit les réformes les plus importantes jamais vues depuis longtemps : abaissement de l’âge de la majorité, de vingt-et-un à dix-huit ans, légalisation de l’avortement thérapeutique, suppression de la censure cinématographique (mais il dut faire instaurer le système fiscal – et hypocrite – du « film X » pour compenser les abus qui survinrent illico).

Bien entendu, toutes ces mesures de gauche déplaisaient à ceux qui l’avaient élu pour faire le contraire. Ils le lui firent payer en 1981, et son adversaire, quoique non officiellement déclaré, fut son ancien Premier ministre, Jacques Chirac, lequel, en sous-main et par l’intermédiaire de Charles Pasqua, fit appeler à voter pour Mitterrand. Les deux hommes, plus de trente ans, après, se haïssent encore… Certes, la fureur de la droite n’aurait pas suffi. Mais Giscard commit d’autres fautes bien plus graves, et se mit aussi la gauche à dos.

Dommage, il avait bien commencé. Avec davantage de doigté, il nous aurait épargné cette canaille que fut Mitterrand.

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