« Harold et Maude » sur France 3

Publié le par Yves-André Samère

La pièce Harold et Maude, qui a été diffusée hier soir sur France 3, est une adaptation un peu édulcorée par Jean-Claude Carrière du film d’Hal Ashby, d’après Colin Higgins, sorti en 1971 et qui recelait pas mal de traces du mouvement hippie. Bien sûr, j’ai vu le film, je le possède en DVD, et je l’ai revu en salle l’année dernière quand, sans le moindre opportunisme dans la programmation, un cinéma l’a ressorti au moment même où la pièce passait dans le théâtre d’en face, boulevard de Strasbourg. C’est encore sans le moindre opportunisme que France 3 la diffuse – alors qu’elle a été filmée il y a plus d’un an – juste au moment où sort en librairie l’autobiographie de son interprète, Line Renaud, Et mes secrets aussi (rédigée par le réalisateur et scénariste Bernard Stora). C’est beau, le hasard...

Pourquoi « adaptation un peu édulcorée » ? Parce que l’histoire raconte l’histoire d’un jeune homme dépressif de vingt ans qui tombe amoureux d’une femme optimiste de quatre-vingts ans, que le film les montrait au lit ensemble, et que la pièce jouée à Paris n’a pas retenu ce passage. À mon avis, Jean-Claude Carrière a bien fait d’y renoncer, car c’était un peu dur à gober.

Le texte n’est pas mauvais, mais j’ai trouvé hideux les décors, surtout celui du salon de la famille d’Harold. De toute façon, le public s’en fichait, il venait pour Line Renaud, et il avait bien raison, car c’est une grande actrice, qui devrait seulement s’économiser un peu. En effet, il ne s’écoule pas une seule semaine sans qu’un téléfilm passe sur l’une ou l’autre chaîne et dans lequel on la voit en vedette. À la chère Line, que j’adore sincèrement, je ne ferai qu’un reproche : avoir joué dans cet horrible navet qu’était Bienvenue chez les Chtis. Mais je suppose que, née elle-même dans la région concernée (elle en a conservé ce chuintement qui ressort avec son grand âge, 84 ans), elle s’est sentie obligée de participer. Mais elle aurait dû lire le scénario avant !

(Au fait, et ça n’a rien à voir avec la pièce, mais Line révèle qu’Édith Piaf était une fieffée salope, jalouse de son succès, et qui a tenté de la faire virer de leur maison de disques commune : « C’était une époque où elle était scénique mais pas une vendeuse de disques. [...] Piaf n’était pas une gentille, elle était diabolique. En même temps, grâce à elle, je suis partie à Los Angeles en 1954, dix ans avant Las Vegas, pour enregistrer avec Dean Martin », ce qui est parfaitement exact. En somme, Piaf s’est comportée comme, au Caire, Oum Keltoum, qui, durant la Deuxième Guerre Mondiale, avait voulu faire renvoyer de la radio la grande et belle chanteuse tunisienne Hassiba, exilée en Égypte, et qui obtenait au Caire un grand succès : jalouse, la super-diva du monde arabe tenta de lui interdire de chanter, mais Hassiba, plus intelligente, fit valoir que, « ambassadrice » de la chanson tunisienne, elle ne concurrençait en rien la chanteuse égyptienne. Celle-ci, alors, l’« autorisa » à se produire à la radio du Caire. Le monde artistique est une grande famille)

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