Hervé Morin invente Gutenberg
Pitoyable d’inconscience, ou téméraire, Hervé Morin ? Cet ancien ministre de la Défense s’est laissé inviter hier soir par Yann Barthès au Petit Journal. Pourtant, il sait très bien que, chaque fois qu’il apparaît quelque part, on va le chambrer sur sa déclaration qui fait encore se gondoler une foule de Français dans leurs chaumières : qu’il a vécu le Débarquement du 6 juin 1944. Or il est né en 1961 !
Comme on s’y attendait, Barthès ne l’a pas ménagé, et l’a traité de « mytho » une bonne douzaine de fois. Que croyez-vous qu’a fait Morin ? Qu’il a giflé l’insolent et a quitté le plateau, comme autrefois un Maurice Clavel (« Messieurs les censeurs, bonsoir ! ») ? Non, il a fait mine de trouver cela très amusant.
Ces hommes politiques, on peut retourner le couteau dans leurs plaies, leur faire avaler n’importe quelle couleuvre. Ils la gobent et prétendent que c’est très bon.
Au fait, Barthès aurait pu le reprendre sur cette bourde classique qu’il a commise en direct : mentionner « la découverte de l’imprimerie par Gutenberg ». Les Chinois, qui l’ont inventée (et non pas « découverte ») au VIIe siècle, et développée grâce à cette autre invention de la même époque, le papier, n’ont pas attendu le XVe siècle de Gutenberg – qui ne s’appelait d’ailleurs pas Gutenberg, mais Johannes Gensfleisch (Gutenberg était le nom de sa mère). Cet Allemand a mis au point les caractères mobiles et réutilisables, su fabriquer une nouvelle encre et la presse à imprimer. Bref, il est le père de la typographie, pas de l’imprimerie.