Histoire de poulets
Vu non loin de chez moi une affiche publicitaire pour les poulets de Loué – une commune de la Sarthe. Elle représente un policier (ou un gendarme, je ne sais pas), hilare, debout derrière un appareil qui ressemble à un radar, et, à ses pieds, un gallinacé provisoirement vivant. Et la légende dit « Poulet contrôlé ! ». Vous avez compris le fin jeu de mots sur poulet. On sait comme les publicitaires sont gens spirituels.
Je vais d’autant moins louer cette publicité que, d’une part, je ne mange pas de viande et me contente de légumes et de fruits, sans que le battage publicitaire sur les cinq que nous DEVONS manger chaque jour ait eu la moindre influence sur ma façon de me nourrir. En outre, j’ai horreur de ces élevages industriels où les animaux sont traités ignoblement.
(Oui, vous connaissez mon côté scrupuleusement moral. Je ne ferais pas de mal à une mouche)
Mais surtout, il y a eu au cinéma une plaisanterie plus subtile, si subtile que nul ou presque ne l’a remarquée. C’était dans Le boucher, l’un des trois bons films de Claude Chabrol, datant de 1970. Dans un village du Périgord, un crime avait eu lieu, et les gendarmes enquêtaient. Or la séquence où ils arrivaient dans le patelin se présentait ainsi : une scène fixe ne montrait que des maisons, et, au premier plan de l’image, quelques poules et poulets picoraient je ne sais quoi par terre. Puis, en arrière-plan, on voyait arriver la camionnette de la gendarmerie. Pas un mot de dialogue, aucun commentaire, l’association entre les poulets et les gendarmes se faisait, ou pas, dans l’esprit du spectateur, qui rigolait doucement.
C’était un peu moins lourdingue que la pub pour l’industriel de Loué.
Au fait, puisque de nos jours on ne peut plus rire de rien, le ministre de l’Intérieur va-t-il porter plainte ?