Hommage à... MAM !
Quand on a décidé une fois pour toutes qu’on ne roulerait pas sur des rails et qu’on fuirait ad vitam aeternam toute forme de panurgisme, on peut alors, nonobstant ce que peuvent en penser les autres – voire ses proches –, s’offrir deux sortes de luxe : dire du bien de quelqu’un qu’on n’aime pas, et critiquer ceux qu’on aime bien. À l’occasion – pas tous les jours, sinon ce serait l’obsession du paradoxe.
Sur le premier point, je vous renvoie à un passage de la pièce de Montherlant, Le dialogue des Carmélites, où une religieuse (je me fie à ma seule mémoire) scandalise sa supérieure, qui avait dit « Mettez-vous d’accord avec votre adversaire », et qui répondait « Vous êtes d’accord avec votre adversaire ». Ce qui devrait faire rire le pape actuel, en train de mettre la pagaille dans la Curie sur la question des mœurs sexuelles.
Sur le second point, je... n’ai rien trouvé.
Je vais donc donner ici un exemple du premier point : il m’est arrivé de donner un coup de chapeau à De Gaulle, en dépit de tout le mal que je pense de lui sur le plan politique. Mais, en privé, cet homme qui ne courait pas après l’argent est tout à fait respectable. Mon exemple concernera néanmoins quelqu’un d’autre, et je vais vous surprendre : je vais écrire du bien de Michèle Alliot-Marie !
Non, ne téléphonez pas à la clinique psychiatrique la plus proche, la chère MAM a eu, très exceptionnellement, un comportement qui allait à l’encontre d’une lubie détestable. Chacun sait qu’elle a été plusieurs fois ministre, assez mauvaise d’ailleurs, et qu’elle a donné le coup de grâce à sa carrière politique en fréquentant un président tunisien qu’elle eût mieux fait de tenir à l’écart. Mais, dans ses fonctions quotidiennes, elle avait interdit au personnel de ses divers ministères de l’appeler « Madame LA ministre ». Elle tenait au masculin pour ce nom de fonction, par égard pour la langue française – et j’expliquerai ce point un autre jour. Or, en un temps où chacun piétine sa langue maternelle, c’est assez rare, et totalement en sa faveur.
(Je me demande si je vais réussir le même truc avec Sarkozy)