Honnêteté intellectuelle et mesquinerie
Je n’aime pas... Pardon : je déteste qu’on fasse aux gens de mauvais procès, par exemple en isolant de son contexte un fragment de phrase que la cible aurait prononcé. Et cela, y compris quand ladite cible n’est pas quelqu’un que j’apprécie particulièrement.
Tenez, un exemple, Emmanuel Macron. Hier, le petit monde journalistico-politique s’agitait avec sa stérilité coutumière, parce que ce ministre avait placé le mot pauvres dans une allocution. Hurlements : Macron méprise les citoyens « en situation de précarité », comme il faut dire, et leur applique un qualificatif dévalorisant – pour parler comme un commentateur médiatique.
Je me fiche bien de Macron lui-même, mais le procédé était crapoteux, car, renseignements pris :
- et d’une : le mot pauvre est dans tous les dictionnaires, et aucun ne signale qu’il serait péjoratif, encore moins insultant ;
- et de deux, Macron ne faisait que citer l’intervention de quelqu’un d’autre, pour y répondre. Le lui reprocher, c’est comme si vous veniez me chercher des poux dans la tête, sous prétexte que j’aurais écrit : « À Waterloo, le général Cambronne a dit “merde” au général du camp d’en face qui le sommait de se rendre ».
Ce type de procédé est quasiment généralisé, et j’en ai parlé, sous une autre forme, il y a quelques jours, pour pointer l’acharnement de ceux qui saisissent le moindre prétexte pour vous le reprocher ensuite pendant des dizaines d’années. Je visais les humoristes, néanmoins les politiques et les journalistes bien-pensants usent des mêmes méthodes. Comme quoi, ils sont à mettre dans le même sac.
Mais l’élégance et l’honnêteté intellectuelle sont bien mortes. De profundis.