Inflation cadenassière

Publié le par Yves-André Samère

Depuis le temps que je me paie la tête des médias qui découvrent des scoops plusieurs semaines, voire plusieurs mois après le commun des mortels, vous pensez bien que je n’ai pas été surpris du fait qu’hier soir, sur Canal Plus, le journal de 18 heures 45 découvre un phénomène que je connaissais depuis plus de seize mois. Je me réfère à une photographie que j’en ai prise par la suite, et que vous pourrez voir ICI puisque j’en ai fait une bannière pour un autre site, mais la mode avait commencé bien auparavant.

Comme toujours, des légendes se sont créées. La première ressemble furieusement à celle qui tourne autour de la Fontaine de Trevi, à Rome : vous y êtes invités à jeter une pièce de monnaie dans l’eau du bassin, ce qui vous garantit que vous reviendrez à Rome ! Cela fait surtout le bonheur des employés qui nettoient le bassin quand les touristes sont allés se coucher. La seconde légende est typiquement parisienne, puisque « Paris, c’est du champagne / Paris, c’est de l’amour » (Quatre jours à Paris, opérette de Francis Lopez). Là, on raconte que cette pratique d’accrocher un cadenas à la grille, et qui implique désormais qu’on en achète un aux vendeurs qui se sont mis à grouiller sur le pont, est réservée aux couples d’amoureux. Néanmoins, cette fois, on ne jette pas une pièce de monnaie dans la Seine (de toute façon, elle est trop profonde et trop sale pour y récupérer quoi que ce soit), mais... la clé du cadenas. Vendeur de cadenas sur le Pont des Arts, la voilà enfin, la solution au chômage des jeunes !

Autre légende, propagée cette fois par l’esprit polémique politicien : le maire – de droite – du sixième arrondissement, où se trouve l’Institut, râle que le poids des cadenas met en danger le pont ! Certes, certes, on compte désormais plus de dix mille cadenas accrochés à la grille, mais ce monsieur a-t-il fait un simple calcul ? Il aurait constaté que, leur masse totale avoisinant la tonne, le pont résiste très bien, surtout depuis sa reconstruction, au poids des nombreux touristes et Parisiens qui y passent à longueur de journée. Devrait-on interdire le passage des gens ? Mais il faut bien taper un peu sur Delanoë, maire de Paris, et sur celle qui va lui succéder l’année prochaine, Anne Hidalgo.

Monsieur le maire du sixième arrondissement, vous qui appartenez à l’opposition la plus intelligente que la France ait connu depuis Georges Marchais, avez-vous songé que tout ce monde respire, et que le gaz carbonique ainsi produit pollue terriblement le Pont des Arts ? Vite, faites distribuer des masques à gaz, comme au Japon.

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