Interdire de caméra les vieillards !

Publié le par Yves-André Samère

Je ne me prends pas pour un critique d’art. Mes goûts et mes opinions n’ont d’importance que pour moi. Néanmoins, dans certains domaines, j’ai accumulé une petite expérience, et si on admet que le premier mannequin venu puisse donner son avis sur la politique ou la philosophie, je puis bien, moi aussi, développer une ou deux idées sur les arts que je connais le mieux.

Mais limitons nos ambitions. Ainsi, j’ai cru constater un phénomène curieux : l’âge semble avoir des conséquences diverses et inégales, selon que l’on pratique la peinture, la littérature, la musique ou le cinéma. Il me semble, et on devrait s’y intéresser en haut lieu (surtout avec un chef d’État aussi érudit !), que vieillir n’a aucune influence sur les peintres ou les compositeurs. On ne voit pas que Renoir vieux ait peint moins bien que Renoir jeune, ou que Beethoven à un âge canonique ait perdu ne serait-ce qu’une part de son génie.

En revanche, littérature et cinéma subissent des ravages. Laissons de côté la littérature, un champ beaucoup trop vaste pour être examiné dans un article aussi court que celui-ci. Mais au cinéma, il suffit de considérer comment ont fini les grands cinéastes : presque tous ont perdu tout ou partie de leur talent, et leur dernier film (ou leurs derniers) sont assez souvent des productions médiocres.

Vous êtes sceptiques ? Voyez Chaplin avec La comtesse de Hong-Kong, comédie poussive et bavarde (Chaplin ne s’est jamais habitué au cinéma parlant), avec Sophia Loren et Marlon Brando, acteurs à des années-lumière de son univers. Voyez Hitchcock et son Complot de famille, dans lequel il tourne le dos à tout ce pour quoi on l’admirait. Voyez Kubrick et son lamentable Eyes wide shut, banale histoire de cocu qui s’achève sur une grossièreté : « Fuck! ». Voyez Jean Renoir et son téléfilm, Le testament du docteur Cordelier, où Jean-Louis Barrault se ridiculise. Voyez Fellini et son très ennuyeux La voce della luna. Voyez Orson Welles et son fort mince Vérités et mensonges. Voyez Clouzot avec La prisonnière, où il « découvre » l’existence des photos érotiques. Voyez Chabrol avec Bellamy. Voyez Truffaut avec Vivement dimanche ! Voyez Visconti avec L’innocent. Voyez Carné avec La merveilleuse visite.

J’ai volontairement laissé de côté Pasolini. Son dernier film, Salo ou les cent vingt journées de Sodome, est abominable, mais Pasolini n’est pas mort vieux, puisqu’il a été assassiné à 53 ans seulement.

Je n’ai aucune explication, évidemment. Ce n’est pas de mon ressort. Je me borne à constater.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

Y
<br /> Je ne parlais que des morts !<br /> <br /> <br />
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D
<br /> Et Godard ?<br /> <br /> <br />
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