J’ai peur !

Publié le par Yves-André Samère

Nos ancêtres les Gaulois ne craignaient qu’une chose : que le ciel leur tombe sur la tête. Le ciel n’est pas plus « tombé » que le Mur de Berlin, qui n’a été que démoli (pardon, il faut dire « déconstruit », aujourd’hui, pour être à la mode), mais les successeurs desdits ancêtres ont trouvé une nouvelle peur pour agrémenter les conversations durant les longues soirées d’hiver : la crainte que l’an 1000 amène la fin du monde (oui, je sais, les gens instruits écrivent « l’an mil », mais je suis trop plouc pour utiliser des expressions aussi distinguées).

Bien, l’an 1000 est passé sans que rien se produise, et nous en arrivons, en sautant deux ou trois péripéties sans aucune importance, à l’an 1999. Là, c’est un couturier branché sur le surnaturel, Paco Rabanne, qui nous annonce que je ne sais quel satellite russe va retomber sur Terre avant la fin de l’année, et il en est d’autant plus certain que, justement, la même année, une éclipse de Soleil sera visible au nord de la France. La relation de cause à effet était évidente, non ? L’éclipse de Soleil a bien eu lieu à la date prévue, je suis allé la voir à Compiègne (Paris était trop au sud pour une éclipse totale ce jour-là), le spectacle était réussi en dépit des cafouillages de la SNCF qui m’ont valu une prise de bec avec un contrôleur idiot, mais le satellite russe a oublié de choir sur cette vallée de larmes. Quelqu’un sait-il où il est passé ? Déception générale, en tout cas, et hausse massive des actions de Paco Rabanne, qui, dès lors, n’ose plus sortir de chez lui sans un masque du film Scream.

Venons-en à 2012. Là, une prédiction des Mayas, peuple qui, pour avoir complètement disparu, ne nous en a pas moins laissé cet héritage, laisse entendre que la fin du monde tant attendue aura lieu le 12 décembre. C’est normal, le 12 décembre 2012, ça fait 12/12/12 sur les agendas (ils avaient prévu le calendrier grégorien, les Mayas ?), DONC c’est imparable, et garanti authentique par cette science qu’est la numérologie. Au point qu’à Hollywood, le réalisateur Roland Emmerich a fabriqué un film-catastrophe d’ailleurs très amusant (de mon point de vue), intitulé, devinez comment ? 2012 ! Mais comme il ne faut pas vraiment effrayer le public, le film se termine bien, et tout le monde trouve refuge... en Afrique, devenue la nouvelle Terre promise, et les Africains ont dû se réjouir de cette promotion.

Aujourd’hui, ce n’est plus UNE peur qui ravage nos contrées, mais DEUX. La peur des drones qui survolent nos centrales électriques, et la peur des clowns diaboliques, pas du tout calquée sur un roman interminable de Stephen King et sur le téléfilm qu’on en a tiré. Laquelle de ces deux formidables pétoches va l’emporter ? Moi, je suis dans l’angoisse.

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