Jacques Ramade
Parce que, à la télévision, je ne regarde que les documentaires et les fictions, mais jamais les émissions de variétés, je n’ai pas pu entendre Laurent Ruquier annonçant la mort de Jacques Ramade, qui a été longtemps son grand complice à la radio, et a fait partie de sa toute première émission sur France Inter, Ferme la fenêtre pour les moustiques. Après cela, Ramade a été un pilier de Rien à cirer et des autres émissions de Ruquier, et il était passé avec lui sur Europe 1 à l’époque de la grande migration.
J’aimais beaucoup Jacques Ramade, qui, sous des dehors de grand-papa gâteau, pouvait avoir la dent dure. Sa spécialité : les brèves, des blagues formulées en une courte phrase où il poignardait les cuistres en trois secondes. Je l’avais vu sur scène, mais je ne lui ai parlé qu’une fois, le jour où, ayant le projet de faire un article sur lui, je lui avais demandé une photo. Il me l’avait envoyée par la Poste dès le lendemain !
La spécialité de Ramade : les bides ! Il s’amusait beaucoup, et non sans perversité, à en ramasser lorsque personne ou presque ne comprenait ses intentions. Mais, au théâtre et au cinéma, il avait du succès, toujours dans un de ces seconds rôles qui ont fait la gloire aujourd’hui disparue du grand cinéma français, et où se sont illustrés des comédiens aussi mythiques que Raymond Bussières, Julien Carette ou Robert Dalban.
Jacques Ramade trompait aussi son monde : séducteur impénitent sous une apparence modeste, il était également clarinettiste, excellent connaisseur du jazz, et assez fou pour donner au micro de la radio nationale son numéro de téléphone personnel (j’ai vérifié), ce qu’il a fait dans Rien à cirer, et laisser son adresse dans l’annuaire.