Je n’aime pas Jean Ferrat
Je vais me faire des ennemis, mais tant pis : je n’aime pas du tout Jean Ferrat. Aujourd’hui, j’ai vu le dernier film de Robert Guédiguian, dans lequel on n’entend pas moins de cinq chansons de Ferrat. Je suis donc allé cinq fois aux toilettes, heureusement insonorisées. J’entends d’ici les hurlements, et je devine la foule qui se masse devant la porte de mon immeuble, avec un baril de goudron et des sacs de plumes.
Ce chanteur dont la voix sirupeuse – voix qui, donc, dément ses textes censés appeler à la Révolution, sanglante comme toutes les révolutions – ne peut s’écouter trop longtemps sans qu’apparaisse chez ses auditeurs les premiers signes d’un diabète de type 1 dit « insulino-dépendant », ce chanteur, disais-je, semble s’être tatoué sur le front le slogan JE SUIS DE GAUCHE, en lettres rouges évidemment. Et cette ostentation est trop visible pour être honnête.
Entendons-nous bien : j’ai des sympathies à gauche, voire des amitiés du même métal, surtout pour des raisons sociales (non, n’insistez pas, je refuse de parler de mes origines, ça ne regarde personne), mais je n’envisage pas de me balader avec une pancarte. Ferrat, lui, sa pancarte, il ne la posait jamais, or c’est toujours suspect. J’ai bien connu un écrivain qui se proclamait tiers-mondiste dans ses livres, et partisan farouche du métissage, mais un jour, sans témoins, il m’a confié que, s’il souhaitait un métissage généralisé et obligatoire (ne me demandez pas comment) , c’est parce qu’il aspirait à élever les Noirs au niveau de la race blanche, très supérieure, disait-il.
Il doit en exister quelques-uns de ce style.