Rien lu de Jean d’O
Je passe aux aveux. Un aveu pénible. Je n’ai jamais lu une seule ligne de Jean d’Ormesson ! Pourtant, il sait écrire, il sait parler, ce qui est le minimum pour un académicien, il a un sens aigu de l’autodérision (celui qui me fait tant défaut, disent mes bons amis), et il cultive, en public du moins, la bonne humeur. Un peu le contraire de BHL, en somme.
Ce qui me retient de lire ses livres, ou plutôt, soyons aimable, ne m’a pas donné l’idée de les lire (contorsion de la pensée, une chose qui ne vous donne pas l’idée de), je crois que c’est parce que je n’attends rien de lui, tant il s’expose quand il fait ses tournées de promotion dans les radio-télés. Sur ce plan-là, il n’avait de concurrent qu’auprès de Jean Dutourd, qui, lui aussi, rabâchait d’émission en émission, sempiternellement, les mêmes plaisanteries – que les présentateurs de ces émissions, poliment, feignent de croire inédites, alors que l’auditeur ou le téléspectateur les a entendues si souvent qu’il peut prévoir, au mot près, ce que l’interviewé va dire.
Ainsi, Jean d’Ormesson est passé, en moins d’une semaine et aux mêmes heures, sur RTL et sur France Inter, et il a sorti exactement les mêmes anecdotes : drôles, spirituelles, mais qui d’une antenne à l’autre ne varient pas d’une syllabe. En quoi il se rapproche des politiques que le Petit Journal de Yann Barthès, sur Canal Plus, ridiculise à longueur de soirées. Eux aussi radotent énormément. Leurs conseillers en communication ne leur en ont rien dit ?