« L’auberge rouge »
Les éditions Gallimard sont, avec le Seuil et Grasset, l’une des maisons d’édition les plus puisssantes et les plus sérieuses de France, et l’on dit qu’elles reçoivent jusqu’à soixante manuscrits par jour, provenant d’auteurs aspirant à être édités. On peut donc en conclure que, chez Gallimard, on sait lire ; accessoirement, qu’on y lit les livres avant de les éditer.
C’est pourquoi il est tentant de croire que Gallimard a participé à une opération, disons... indélicate en rééditant, en 2007, un roman de Balzac, L’auberge rouge. Ce livre, Gallimard l’avait déjà publié en 2004, mais, cette fois, la maison d’édition le ressortait sous une nouvelle couverture, qui reproduisait l’affiche du (très mauvais) film de Gérard Krawczyk sorti en même temps. Or, pour les lecteurs ayant un peu de culture, il était évident que le roman n’avait rien à voir avec le film, inspiré d’une tout autre histoire, vraie celle-là, et qu’avait adaptée le scénariste Jean Aurenche pour un autre film, celui de Claude Autant-Lara, tourné en 1951.
On doit donc en conclure que les éditions Gallimard et le producteur du film de Gérard Krawczyk ont procédé à une opération conjointe de publicité, chacune des deux parties faisant de la pub pour l’autre... au détriment de la vérité. De la part d’un producteur de cinéma, rien n’étonne, mais de la part des éditions Gallimard, c’était carrément scandaleux, car cette opération misait sur l’inculture de ses clients. Je ne crois pas qu’on en ait beaucoup parlé, au moment des faits. C’est pourquoi j’en parle.