L’Hadopi cesse enfin de me snober
Je commençais à m’inquiéter. Et j’étais un peu vexé, pour tout vous dire. Voilà des mois que la fameuse commission Hadopi, chargée de pourchasser les horribles pirates que nous sommes tous, et pour lesquels on va bientôt réhabiliter le bagne de Cayenne (à défaut de réhabiliter ceux qui l’ont peuplé), se vante d’envoyer plusieurs milliers d’avertissement par jour, via le courrier électronique. Or je n’avais toujours rien reçu, au point que je me demandais si je n’étais pas victime d’un complot. C’est un peu comme les hommes politiques : si on leur balance des vannes à la radio ou à la télé, ils se vexent beaucoup moins que si on les ignore.
Mais me voici rassuré.
En effet, ce matin, j’ai trouvé dans mon courrier un message électronique de l’Hadopi, m’informant que, je cite, « des agents assermentés ont constaté que le jeudi 31 mars 2011 à 14 heures 56, une ou plusieurs œuvres étaient reproduites, consultées ou offertes en partage depuis l’accès à Internet corespondant à l’adresse IP n° XXX.XXX.XXX.XXX » – censée être la mienne, mais qui ne l’est d’ailleurs pas.
Youpi ! Me voilà enfin sorti de l’anormalité, et devenu un pirate comme les autres, c’est-à-dire reconnu. Ça fait du bien. Il ne me reste plus qu’à envoyer à la chère Hadopi une demande d’explication (on ne me dit pas quelle œuvre j’ai « offerte en partage » le jeudi 31 mars 2011 à 14 heures 56), et à lui faire observer que le fait d’exiger que tout un chacun protège sa connexion alors qu’elle-même n’a pas encore défini les caractéristiques d’une quelconque méthode permettant de la protéger ne tiendrait devant aucun tribunal. Et, si on insiste dans ce harcèlement idiot, je ferai moi aussi du juridisme, et emploierai tous les moyens pour lui mettre des bâtons dans les roues. Ces moyens ne manquent pas.