L’oasis de Siwa

L’oasis de Siwa, en Égypte, proche de la frontière libyenne, possède une réputation qui repose sur une légende très ancienne. On disait, dans l’Antiquité, que les hommes... y épousaient des garçons, sans même avoir fait voter la moindre loi en faveur du mariage pour tous par un Parlement docile. On sait en tout cas qu’Alexandre III, roi de Macédoine, lui-même très lié depuis l’âge de treize ans à un garçon, Éphestion, s’y est rendu, entre deux massacres, pour se faire confirmer, par des prêtres sans doute très désintéressés et pas du tout menteurs, qu’il était bien le fils de Zeus.

La réputation de l’endroit était si bien établie que, voilà une pincée d’années, un journal homosexuel y avait envoyé un écrivain connu, afin qu’il en ramenât un beau reportage bien croustillant. L’homme avait été fort déçu, car il ne reste aucune trace de la fameuse légende, que les natifs de l’endroit ne voient pas d’un bon œil, on se demande pourquoi. En revanche, il avait été furieux à cause des bâtons dans les roues que lui avait mis l’administration égyptienne (on n’allait pas librement à Siwa, trop proche de la Libye kadhafienne), et il avait écrit rageusement dans ledit journal : « Les Égyptiens sont des cons, et les militaires égyptiens, des triples cons » – je cite à la lettre près. Ce qui ne lui avait pas fait que des amis...

Vous ne serez pas étonnés qu’aujourd’hui, Siwa soit devenu un haut lieu du tourisme. Les étrangers aisés vont y chercher le silence. Il est vrai qu’ils trouveraient difficilement autre chose, attendu que les hôtels du coin... n’ont pas l’électricité ! Ainsi, l’hôtel Adrère Amellal, qui offre, « en plein désert, la quiétude d’un eco-resort », a une trentaine de chambres « dans des constructions traditionnelles », c’est-à-dire en terre cuite. Il paraît que c’est « parfait pour déconnecter ». Ben oui, sans électricité !

Petit détail : la chambre la moins chère coûte 350 euros la nuit. Comme disait naguère Philippe Val, allez-y, vous n’en reviendrez pas.