La fusillade comme attraction

Publié le par Yves-André Samère

On ne sait si tous les citoyens des États-Unis sont idiots – oui, probablement , ou si c’est un bruit que font courir les journalistes en mal de sensationnel, toujours est-il qu’elle est étrange, cette « information » donnée hier.

À propos de la sanglante fusillade dans un cinéma de la banlieue de Denver, qui projetait pour la première fois le dernier épisode sur Batman, on s’est accordé à nous expliquer sur tous les organes d’information que les spectateurs avaient d’abord cru que les détonations entendues dans la salle étaient en fait une attraction en relation avec l’esprit du film.

Non ? Sans blague ?

Dites, vous connaissez beaucoup de directeurs de salles qui, pour mieux mettre en valeur un film attendu depuis des mois et pour lequel les spectateurs ont payé une somme rondelette, organisent le bruitage d’une fusillade PENDANT le film ?! Voilà qui, sans le moindre doute, aiderait beaucoup à la compréhension de l’intrigue, pas vrai ? Surtout avec un film de Christopher Nolan, qui est plutôt du genre intello et réclame que le spectateur suive un peu. Et vous croyez que le réalisateur du film aurait autorisé la chose, histoire, par perversité pure, de saboter la première de son film ? Les attractions qui accompagnent la première d’un évènement fortement médiatisé, on les fait avant ou après le spectacle. Pas pendant !

Attendons l’arrivée de la parade du cirque Bouglione sur la scène de l’Opéra pendant une représentation du Lac des cygnes. Ou celle des Bluebell Girls du Lido à la messe de minuit, pour le prochain Noël...

(Je ne prétends pas qu’il n’y ait pas eu dans la salle deux ou trois niais qui ont pu croire à un gag lourdingue. Mais qu’une salle entière n’ait pas réagi pendant plusieurs minutes, comme disait le capitaine Haddock : « Raconte ça à un cheval de bois, il te flanque une ruade »...)

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