La guerilla, amie de la Nature

Publié le par Yves-André Samère

J’ai vu aujourd’hui un film sur les serpents de Colombie, et, ma foi, j’aime assez les serpents. Si je devais m’encombrer d’un animal de compagnie, je choisirais un serpent plutôt qu’un chat : le serpent est silencieux et discret, il sait aussi vous débarrasser des souris, mais lui s’abstient de tout sadisme, il ne joue pas durant des heures avec sa proie avant de la déchiqueter, il l’étouffe et l’avale en quelques secondes, et la messe est dite. En outre, le chat, comme le chien, perd ses poils partout. Avez-vous jamais vu un serpent semer ses poils autour de lui, par exemple sur votre canapé préféré ? Quant au chien, je soutiens que c’est l’animal le plus bête de la Création, au point que, certainement, Dieu l’a créé pour éviter à Ève toute comparaison qui lui serait défavorable avec un quelconque autre animal. C’est que le chien vous réveille la nuit par ses aboiements intempestifs, et vous court après dans la rue pour vous mordre les mollets. On ne compte plus les facteurs qui balancent votre courrier dans le caniveau pour éviter quelque contact que ce soit avec votre molosse.

Cela dit, le film susdit, bien qu’il m’ait un peu ennuyé par son côté prêchi-prêcha en faveur de la protection de la Nature, a le mérite d’exposer une théorie originale. Il soutient que les trois factions qui se font la guérilla en Colombie, ainsi que le gouvernement qui s’efforce de les contenir, produisent le miraculeux effet d’entretenir un état de guerre permanent dans le pays, et sont de ce fait les meilleurs protecteurs de la nature qui soient !

Expliquons : quarante pour cent de la surface de la Colombie a été acquise par des multinationales, lesquelles ont en vue d’exploiter ses forêts et ses mines. Or, tant qu’il y a la guerre, elles ne peuvent pas s’installer sur place, et attendent donc la paix, qui viendra certainement dès que les poules seront les meilleures clientes des dentistes. Si bien que, pour le moment, elles restent (les multinationales, pas les poules) impuissantes à ravager la forêt, comme elles le font si bien au Brésil. Et les Colombiens, qui ne sont pas idiots, se disent que la paix, si par malheur elle survient un jour, sera une catastrophe pire que la guérilla. Je souscris pleinement à ce point de vue.

Avouez que, chez nous, les Verts n’ont pas pensé à ça. Pourtant, ils sont experts à se faire la guerre entre eux.

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