« La mauvaise rencontre »
Beaucoup de battage par anticipation à propos de ce téléfilm, diffusé hier soir sur France 2. Mais, en réalité, un échec total.
Au départ un roman de Philippe Grimbert, psychanalyste lacanien, La mauvaise rencontre, publié chez Grasset en 2009 : deux garçons se rencontrent quand ils ont encore enfants, deviennent amis et ne se quitteront plus guère, sauf durant deux périodes vers le début de l’âge adulte. Mais l’un des deux, hanté par la mort (et par les morts), devient fou, et finit par se suicider. Déjà, en 2007, un autre roman de Grimbert avait donné lieu à un bien mauvais film de Claude Miller, Un secret. Les gens de cinéma devrait se méfier de la psychanalyse, même Hitchcock s’y est cassé les dents à trois reprises.
Ici, cela donne un téléfilm qui ne tient pas debout. D’abord, parce que le scénario est bancal, peu crédible, et que les dialogues sont à la fois plats et irréalistes – ce qui fait beaucoup. Ainsi, lorsque l’un des deux garçons, désignant l’autre à une de ses camarades de classe, lui dit : « Tu vois ce garçon, je ne peux pas me passer de lui ! ». Quel garçon hétérosexuel dirait une chose pareille, surtout à une fille ?
Et puis, au contraire de ce que tout le monde a prétendu, les deux principaux interprètes ne sont pas bons, et la réalisatrice n’a rien fait pour les diriger convenablement. Ainsi, le jeune Samuel Mercer, interprète de Mando, non seulement joue constamment de la même façon hallucinée, mais il conserve le même aspect à seize et à vingt-et-un ans, sans qu’aucune mèche de sa coiffure absurde soit modifiée. Où a-t-on vu qu’un jeune homme ne se modifie pas physiquement, dans ces années cruciales où l’on se cherche sans arrêt ?
Mais on n’est pas vraiment surpris, car la réalisatrice est Josée Dayan, spécialiste du navet à gros budget et des distributions loufoques. Il y a dix ans, pour Les misérables, elle avait donné le rôle d’un procureur à… Karl Zéro ! Je me souviens d’avoir hypocritement félicité Karl de nous avoir tant fait rire.