Laissez Delon tranquille !
Je souhaiterais vivement qu’on fiche désormais la paix à ce pauvre Alain Delon. Qu’on cesse de le traîner sur des plateaux de télévision, alors qu’on SAIT très bien qu’il s’exprime aujourd’hui avec difficulté (il est presque inaudible, comme Belmondo avant lui), qu’il est aussi sourd que Chirac (je ne plaisante pas), et que, circonstance aggravante, il est devenu à peu près gâteux. Ce n’est pas de sa faute, il aura bientôt 78 ans, et, pour beaucoup, cela ne pardonne pas. Or les médias en profitent, sachant d’avance que, dès qu’il sera devant un micro et une caméra, il va dire des bêtises et déverser des flots de misanthropie. Tout bénéfice pour les gens de télévision, qui adorent le buzz et croient que le public, aussi.
Mille pardons, mais je ne suis pas de ceux qui critiquent Delon, même si je ne déborde pas non plus d’admiration. Il s’est souvent exprimé sur son métier, et il a dit sur le cinéma des choses très intelligentes. Quand on lui a fait faire une interview sur Le guépard, et parallèlement à sa partenaire Claudia Cardinale, il n’a pas proféré une seule imbécillité ni une seule contre-vérité, alors que la pauvre Claudia a étalé son inculture, son absence de rigueur, sa mémoire défaillante et la pauvreté de sa pensée. Personne, en France, n’a su parler mieux que lui de Luchino Visconti.
Alors, bien sûr, sur le plan politique, Delon est une girouette – rarement tournée vers la gauche. Mais il en a le droit. Restent ses propos stupides sur l’homosexualité, que j’attribue, encore une fois, à son âge (j’ai entendu les mêmes chez des proches, pourtant estimables et cultivés par ailleurs, mais âgés), et peut-être aussi à ses débuts dans la vie : l’armée, à 17 ans. Je ne dis pas qu’un passage dans l’armée fait de vous un idiot, ou pis, un fasciste (je déteste l’emploi irresponsable de ce mot par des individus qui ne savent pas ce qu’il signifie), car j’ai eu souvent la preuve du contraire. Mais enfin, il y a dans l’armée un climat incontestable qui prédispose aux opinions hâtives et incontrôlées.
L’homosexualité, Delon connaît, mais il a oublié, visiblement. Lorsqu’il partageait le lit de Visconti, ou exécutait ce qu’on appelle un « plan à trois » avec sa femme Nathalie et son garde du corps Markovic, il était moins catégorique. J’ai déjà parlé de cette affaire, donc je n’y reviens pas, vous savez lire.