Langue de bois écolo

Publié le par Yves-André Samère

C’est fou ce que les gens qui font de la politique connaissent des métamorphoses rapides ! Il y a un mois, la mère de Térébentine Duflot parlait comme tout le monde et lâchait son contingent de gaffes – et Dieu sait si elle était douée. Mais depuis, elle est devenue ministre d’on ne sait trop quoi, et son langage a complètement changé.

Ce matin, on l’invite sur France Inter, et le passeur de plats lui pose une question sur le thème à la mode : avez-vous parlé avec François Hollande de la dépénalisation du cannabis ? De toute évidence, c’est le genre de question à laquelle il est facile de répondre par oui ou par non. Mais voilà, cette dame tient à son poste de ministre (nous, on ne tient pas à ce qu’elle y reste). Mais la métamorphose dont je parlais plus haut s’est produite entre-temps, et elle ne répond pas, évidemment, car ce serait un peu désagréable d’avouer qu’on s’est fait remonter les bretelles par le président. Et donc, la titulaire d’un maroquin se dérobe et répond que le sujet n’est pas important.

Consciencieux, l’animateur lui renvoie la même question, et obtient strictement la même réponse : pas important. Il lui fait remarquer qu’elle s’est vite convertie à la langue de bois et pose la question une troisième fois. Aucun résultat, la donzelle s’accroche au respect de la consigne : toujours pas important, elle n’a rien de plus à dire.

Je vous annonce par conséquent que les mots oui et non viennent de disparaître de la langue française.

Souvent, ici, je me paie la tête des journalistes français, incapables d’imiter leurs confrères de l’étranger, ceux du Royaume-Uni et des États-Unis, qui ne se laissent pas snober (on en a connu un, à Londres, qui a posé la même question douze fois à un homme politique). Mais pourquoi diable les nôtres ne songent-ils pas à cette mesure radicale : mettre brutalement fin à un entretien qui tourne en eau de boudin, et ne plus inviter l’imbécile obstiné qui ne se pointe dans un studio que pour « communiquer » sa version préparée à l’avance ? Quelque chose me dit que, un peu effrayés de se voir déclarés tricards, ces messieurs-dames, qu’on ne paye pas pour mentir, fut-ce par omission, mettraient un peau d’eau dans leur vin.

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