Langues imaginaires
Ça va ? Vous êtes bien comme tout le monde ? Vous avez un téléviseur 16/9 ? Un iPhone ? Un iPad ? Un GPS ? Parfait ! Vous êtes donc normal.
À propos des GPS, ces petits appareils sans lesquels nous ne saurions jamais à quel endroit nous nous trouvons, un constructeur de cet objet indispensable (les cons disent « incontournable ») vient de penser à une innovation que j’ose considérer comme majeure. Il a en effet remarqué que ses concurrents ont fait un effort pour varier les voix artificielles qui s’adressent à vous afin de préciser que vous vous trouvez chez votre boulanger ou chez votre maîtresse – ou votre amant, le cas échéant. Ces voix sont téléchargeables, se substituent à la voix vendue avec le GPS, et permettent d’entendre les renseignements avec les intonations de Darth Vader (les Français disent « Dark Vador », allez donc savoir pourquoi) ou de Maître Yoda – pour Carla Bruni, on y a renoncé, les clients n’entendaient rien et croyaient que l’appareil était tombé en panne.
Bref, le constructeur dont je parlais au paragraphe précédent a eu l’idée lumineuse de proposer en téléchargement le dialecte des Na’vi, le peuple autochtone vivant sur la planète Pandora, dans le film Avatar. Une initiative certes originale, mais dont l’utilité pratique reste à démontrer. Pas sûr que beaucoup de conducteurs puissent, en pleine conduite automobile, comprendre le na’vi.
Rappelons à tous les cancres qui ont raté mon cours précédent que le na’vi est une langue imaginaire, conçue par Paul Frommer, un professeur états-unien, consultant en linguistique. Il existe d’ailleurs un document au format PDF qui détaille tout cela, mais je vous laisse le soin de le chercher, car j’ai du lait sur le feu, là. Les langues imaginaires, il en a existé quelques-unes, surtout popularisées par le cinéma, comme on pouvait s’y attendre. Par exemple le klingon (utilisé dans Star Trek) ; ou celle que Jean-Jacques Annaud avait fait inventer par je ne sais plus qui, pour son film La guerre du feu. Ou encore l’argot que parlent les voyous dans Orange mécanique, et composé par l’auteur du roman Anthony Burgess.
Et puis, l’espéranto, c’était un peu une langue imaginaire, même si elle a remporté son petit succès.