Le b-a-ba du journalisme
S’il y a, chez les journalistes, une manie qui me gonfle au plus haut point, c’est celle consistant à poser des questions qui contiennent la réponse. L’interrogé n’a plus qu’à hocher la tête et approuver ce qu’on lui suggère finement. Bien sûr, c’est pratique, pas fatigant, et on n’a pas besoin d’être Prix Nobel de Littérature pour donner la réponse convenable.
Exemples : demander à une célébrité étrangère si elle est contente d’être à Paris. J’attends encore qu’un mal élevé réponde que ça lui flanque à la fois de l’urticaire et la diarrhée verte, et qu’il n’a qu’une hâte, ficher le camp.
Ou encore, et c’est ultra-récurrent : demander à un acteur si le tournage du film dont il fait la promotion s’est bien passé. Inutile d’espérer entendre que le réalisateur était un incapable, les horaires absurdes, le salaire minable et les partenaires antipathiques. Même Béatrice Dalle n’oserait pas.
Cet après-midi, sur la place du Châtelet, il y avait une manifestation féministe, avec la présence de Tristane Banon. Un minus muni d’un micro lui demande si, à la veille de sa confrontation avec DSK devant un juge, elle a peur. Que vouliez-vous qu’elle répondît, la blonde enfant ? « Évidemment, que j’ai peur. Lorsque vous êtes confronté avec votre agresseur, vous ne pouvez qu’avoir peur ». C’est bien vrai, ça, Strauss-Kahn a l’habitude de violer les femmes en présence et dans le bureau d’un juge d’instruction. Et s’il ne les viole pas, il leur balance des torgnoles. Il fait ça tout le temps, c’est la moindre des choses.