« Le Canard » condamné, mais discrètement

Publié le par Yves-André Samère

« Le Canard enchaîné » a eu quelques procès, surtout de la part de personnages politiques – même si, autrefois, il avait été attaqué en justice par... Régine, mais la mort de son directeur avait éteint les poursuites. En général, il gagne ces procès, car il prend garde de ne publier que des informations dont il est certain, et dont il détient la preuve.

Certes, lorsque parut son premier numéro en 1915, donc en pleine guerre, il avait pris la précaution d’annoncer qu’il ne publierait que des nouvelles fausses : il s’agissait de railler les journaux de l’époque, qui, tous ou presque, se livraient à une propagande patriotique effrénée, qu’il fallait contrebalancer sur le mode humoristique.

Bref, « Le Canard » perd rarement, devant un tribunal. Or on sait que, lorsque un journal perd un procès, il est presque toujours obligé de publier cette information dans ses propres pages, parce que le tribunal l’y contraint.

Et bien, apparemment, la justice n’a pas obligé « Le Canard » à publier l’information selon laquelle, au début de ce mois, il a perdu un procès en diffamation que lui intentait Bernard Squarcini, surnommé « le Squale », et qui était sous Sarkozy le chef de la Direction Centrale du Renseignement Intérieur, celui-là même qui s’est couvert de gloire, il y a quelques jours, en voulant censurer une page de Wikipedia.

« Le Canard » avait en effet écrit que Squarcini avait monté une sorte de « cabinet noir » qui espionnait les journalistes au profit de Sarkozy. La dix-septième chambre du tribunal correctionnel a estimé qu’il n’apportait pas la preuve de ces allégations, ni même de cette « bonne foi » qui suffit généralement à vous faire éviter la condamnation.

Le journal a donc été condamné à 2000 euros de dommages et intérêts, plus une amende avec sursis.

Or, avez-vous lu cette information dans « Le Canard » ? On attend toujours... Les célèbres « Pan sur le bec » ne fonctionnent que pour les informations rigolotes et sans conséquences.

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