Le devoir du silence
Je sais bien que les journaux en seront incapables, mais je crois que la solution à bien des problèmes politiques français serait la suivante : qu’on cesse d’en parler.
Prenez par exemple cette canaille de Dieudonné. Que cherche-t-il ? Qu’on parle de lui, seul moyen de faire passer dans les esprits faibles qui l’écoutent la haine dont il est pétri von Kopf biss Fuss (ça signifie « de la tête aux pieds », et c’est extrait de la chanson que Marlene Dietrich chantait dans L’ange bleu). Ne parlez plus de Dieudonné, et il se retrouvera le bec dans l’eau.
Mais, comme dit plus haut, les journaux ne tiendront pas le coup. À l’automne 1991, et à la suite de je ne sais plus quelle violence commise par Jean-Marie Le Pen, la totalité des journaux français avaient décidé de ne plus rendre compte de ses activités. C’était trop beau pour durer, donc ça n’a pas duré, et les pauvres plumitifs ont tenu quelques semaines, avant de retomber dans leur ornière habituelle : faire ce qu’on n’appelait pas encore du buzz.
Je ne suis pas en train d’écrire qu’on ne doit plus parler des scandales qui enjolivent si bien notre vie nationale. Bien au contraire, il faut en parler, et le plus possible. Mais, d’une part, pas sans cesse avec les mêmes clichés ; et, d’autre part, pas de ceux qui n’ont pour but que de faire la publicité des malfrats qui les provoquent.
(Quoi ! J’ai écrit « malfrats » à propos de Dieudonné et Le Pen ? Ben oui, je persiste et signe, comme disent les journaleux)