« Le Fou du roi » : Joëlle Goron
Scénariste pour la télévision, Joëlle Goron possède deux défauts rédhibitoires. D’abord, elle sait de quoi elle parle, ce qui fait tache dans l’émission. Ensuite, elle n’a jamais appris la langue de bois – grave handicap, douloureuse lacune, quasi-fatale sur les ondes radiophoniques, et qui l’incite, voyez la langue, à dire tout haut ce qu’elle pense. Moyennant quoi, invite-t-on au Fou du Roi un auteur qui aurait commis un mauvais film, une mauvaise pièce, un téléfilm raté, cette présence ne la freine pas, et son franc-parler, qui s’exprime alors, fait l’admiration envieuse mais discrète de ses collègues peu coutumiers de la franchise, ceux qui n’ont pas osé : ceux, par exemple, qui préfèrent se jurer « fans absolus » de l’invité ou prétendre qu’ils ont « écouté en boucle » le disque de la chanteuse venue écouler sa marchandise.
En foi de quoi, Joëlle reçut son juste châtiment, et s’entendit qualifier un jour, de façon vengeresse, par ce comique très fin et fort galant homme qu’est Philippe Chevallier, de « pétasse de Neuilly ». C’était parfaitement injuste, argüa-t-elle avec esprit, car elle n’habite pas Neuilly.