Le piège tendu par Woerth
Éric Woerth est certainement le roi des menteurs, mais, comme tout politicien de son acabit, il est retors, et donc excelle à imaginer des combines capables de le protéger en mouillant autrui. La dernière de ces combines est ultra-classique.
Ainsi, cette semaine, il s’est répandu dans tous les médias pour faire savoir urbi et orbi qu’il désirait demeurer à son poste de ministre du Travail, « parce qu’il reste encore beaucoup à faire ». Une préoccupation qui ne trouble guère les ministres, en général, puisqu’ils changent de poste sans le moindre état d’âme. Demandez plutôt à MAM, qui les collectionne ! Mais, en disant cela, c’est Sarkozy qu’il ligote.
En effet, et quoi qu’il en dise en public, le souverain que le monde nous envie ne souhaite qu’une chose à propos de Woerth : pouvoir enfin se débarrasser de lui, car l’individu fait tache dans un gouvernement qui n’est déjà pas reluisant. Mais l’alternative est pénible, de quelque côté qu’il se tourne, puisque : ou bien il le garde envers et contre tout, et c’est une verrue sur le pif qui au fil des jours s’avère de plus en plus voyante ; ou bien il le vire, et s’attire ainsi un double reproche : s’asseoir une fois de plus sur la présomption d’innocence, et se faire accuser d’ingratitude à l’égard de quelqu’un qui jusqu’ici l’a servi sans faillir – apparemment.
On plaindrait presque ce pauvre chef d’État placé devant un dilemme cornélien.