« Le roi prédateur »
Petite devinette : qui est le plus riche, l’émir du Qatar, assis sur ses puits de pétrole, ou le roi du Maroc, régnant sur un pays classé au 126e rang sur 177 du point de vue du développement humain ? Vous avez perdu ! Sans pétrole, mais avec du phosphate... et des champs de haschich qui occupent une grande surface de ses propriétés agricoles personnelles, Sa Majesté Mohammed VI (qui Dieu le glorifie !) dépasse le pauvre émir avec une fortune personnelle (évaluée à 1,8 milliards d’euros par le magazine « Forbes », évidemment interdit au Maroc et qui sait de quoi il parle) qui a doublé en cinq ans. Toutes les entreprises ne connaissent pas la crise !
Mohammed VI, sur le plan personnel, est assez médiocre, mais il a hérité d’un système légué par son père Hassan II, basé sur un procédé d’une simplicité évangélique : l’accaparement. Le roi prend ce qui lui plaît, et nul ne doit se plaindre s’il ne veut connaître de sérieux ennuis, dont l’expulsion est le moindre. Ce système avait été étendu au profit de son oncle, Moulay Abdallah, que tout le Maroc surnommait « Monsieur 51 % » pour sa charmante manie de prendre plus de la moitié des parts des sociétés juteuses du pays, souvent possédées par des étrangers. Précisons que ces étrangers étaient invariablement des Français. En effet, il advint un jour que le roi Hassan II voulut faire main basse sur des terres appartenant à un citoyen suisse ; le gouvernement suisse fit alors savoir discrètement que si le roi insistait, des fuites pourraient bien se produire concernant les comptes bancaires qu’il possédait en Helvétie. Le roi se le tint pour dit et renonça à faire main basse sur les terres convoitées !
Un livre sur ce sujet paraît le 15 mars au Seuil, écrit par deux journalistes français, Éric Laurent et Catherine Graciet, Le roi prédateur. Aucune chance qu’il soit vendu au Maroc, mais on peut le commander chez Amazon. Il ne parle pas du tout de la politique de Mohammed VI, mais uniquement de ses magouilles financières, qualifiées de « holp-up à l’encontre de l’économie de son pays ».