Le rôle de l’État
L’État veut créer (ou vient de créer) une « carte-musique » permettant d’acheter de la musique en ligne et à moitié prix, réservée aux jeunes, puisque chacun sait que seuls les jeunes écoutent de la musique en France, les autres étant plutôt soumis à la durée de vie des piles de leurs sonotones. But avoué : soutenir l’industrie du disque, dont le chiffre d’affaires s’effondre – à cause des pirates, évidemment.
Mille regrets, cher État que nous aimons tant, mais ton rôle n’est pas de « rétribuer » les artistes (ou ceux qui se présentent comme tels), même pas de leur garantir des revenus. Le rôle de l’État, c’est d’assurer la protection des faibles, de répartir les ressources inégalement distribuées, via l’impôt, de veiller à l’ordre public, bref, de se charger de tout ce qu’on ne peut pas faire soi-même. L’État n’a pas à tenir un rôle de nounou, comme de trouver des enfants pour les couples qui se sentent en mal de jouer à la poupée en grandeur nature, ou de subventionner des films que personne n’a envie de voir (cas de la Commission d’avances sur recettes), ou de donner du travail à telle catégorie de gens qui feraient mieux de faire autre chose, comme les acteurs ou les chanteurs, domaine qui ne relève pas de la charité publique, mais où c’est la demande du public qui doit primer.
Je ne suis pas en train de plaider pour la privatisation, car je suis plutôt contre, en général, et j’expliquerai ça un autre jour. Mais la collectivité – l’État, en fait, c’est cela – a mieux à faire que de veiller aux intérêts privés. Rappelons que, tout de même, toute action de l’État est soutenue par de l’argent public. Nous avons donc notre mot à dire. Comment se fait-il que nous soyons consultés sur la popularité du président de la République, et pas sur ce qu’on fait de notre argent ?