Le scandale Toblerone
Il y a des jours où l’on aimerait vivre en Suède. Pas pour son climat ! Déjà, bien plus au sud, Lille n’est vivable que deux mois par an, je frissonne en songeant à Stockholm...
Non, ce qui rend le régime suédois supérieur au nôtre, bien que ce soit une monarchie (au fait, vous savez certainement qu’un de leurs monarques a été... un général français, Bernadotte, qui a aussi été roi de Norvège !), c’est que cette monarchie est bien plus digne et respectueuse de ses sujets que notre république bananière. Avez-vous entendu parler du « scandale Toblerone » ? Non ? On vous explique : fin 1995, Mona Sahlin, numéro deux du gouvernement d’Ingvar Carlsson, avait réglé quelques barres de chocolat avec la carte de crédit de son ministère. Scandale ! Elle s’empressa de rembourser cette somme énorme, mais fut obligée de démissionner. Il lui fallut... dix ans pour revenir en politique.
C’est qu’en Suède, les ministres, tout comme les hauts fonctionnaires, déjeunent à la cantine de leur ministère, où on ne sert ni alcool, ni fromage, ni dessert, et où les déjeuneurs sont tenus de débarrasser leur plateau. Ils n’ont aucun logement de fonction, logent où ils peuvent et paient leur loyer, sauf le Premier ministre, qui a un appartement de fonction de 175 mètres carrés, avec un loyer modeste. Pas de voiture avec chauffeur, sauf, là encore, le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères. Pas d’avion privé, pas de suite dans les palaces, et ils font leurs courses eux-mêmes.
Tous les Suédois connaissent le montant de leur salaire, qui est publié sur Internet. Les bureaux ministériels sont meublés avec des meubles Ikea. Pas de cuisinier ni de salons d’apparat, sauf au ministère des Affaires étrangères, où l’on reçoit des hôtes étrangers. Les frais de réception, de déplacements, de communications téléphoniques, les moindres factures, tout est contrôlé et publié. Chacun se sert de son téléphone mobile personnel. En avion, c’est la classe économique, sauf sur les vols longs-courriers.
En résumé, le principe est simple : les ministres sont là pour servir, pas pour SE servir. L’argent public doit servir au public, et tout est transparent. Nous, en échange de Bernadotte, on prendrait bien leur roi comme Premier ministre, ce serait une façon de nous renvoyer l’ascenseur.