Les cheveux ne sont pas près d’être secs

Publié le par Yves-André Samère

Ce matin, je me suis moqué de ce spot publicitaire, entendu sur France Inter, et dans lequel un « comédien » (comme ils s’intitulent tous) imitait la voix d’un vieux sèche-cheveux (!), et suppliait qu’on se rappelle DE lui. Cette pub à la noix émanait, selon la mention finale, du ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement Durable et de la Mer, ouf !

J’ai donc envoyé un message à ce ministère pour le féliciter de ses efforts en faveur de la langue française.

Rendons grâce au responsable de la communication, un nommé Philippe Groleau (il signe « Groleau Philippe », le nom avant le prénom, ce qui montre bien comme il est familier avec les usages). Cet homme, que je ne connais pas mais qui semble de bonne volonté, ouvre d’emblée le parapluie, détail guère étonnant quand on connaît le fonctionnement des organismes étatiques, qui n’ont pas attendu Georgina Dufoix pour pratiquer le principe du « responsable mais pas coupable ».

Bref, le cher Philippe m’écrit que les services de son ministère « ne sont pas directement concernés » par ma remarque « très pertinente, au demeurant », car la campagne de pub a été « organisée et financée par l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie », un établissement public, certes, mais sur lequel le ministère auquel il appartient, malgré la tutelle qu’il exerce sur elle, « ne va pas jusqu’à valider le détail du contenu des publicités ». Traduction du langage technocratique : on les chapeaute, mais ils font ce qu’ils veulent.

Quelques heures plus tard, nouveau message du même interlocuteur : il a transmis ma remarque à ladite Agence de etc., qui lui a répondu, ô surprise !, qu’elle n’était « pas non plus à l’origine de ce spot radio ». Allons bon ! Mais qui donc alors ? Eh bien, le responsable, c’est Éco-Systèmes, société de droit PRIVÉ, certes agréée par le ministère, qui a bien « donné son aval » (tout de même !), mais n’est pas allé « jusqu’à approuver le détail de la rédaction des spots ».

Donc, résumons : le ministère de l’Écologie a de l’argent en rab, comme tous les ministères en ce moment. Il passe commande d’une campagne de publicité, dont l’utilité saute aux yeux, à un établissement PUBLIC qu’il a sous sa tutelle, l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie, lequel établissement public repasse le bébé à une société PRIVÉE, qui fait ce qu’elle veut, c’est-à-dire salope le boulot en faisant rédiger ses textes par un illettré. Et le ministère, satisfait, donne son aval sans rien contrôler.

Françaises, Français, ce système où l’argent de nos impôts est ainsi dépensé par des gens ne contrôlant pas l’usage qu’on en fait, ce système est si admirable qu’on voit mal pourquoi on ne devrait pas le conserver ad vitam aeternam.

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