Les grosses têtes... au PS
Mais non, mais non, vous vous trompez, Arnaud Montebourg N’A PAS la grosse tête ! Ou alors, il veut simplement perpétuer une tradition bien française, qui exige que, à tout moment de son histoire, la France compte au moins un personnage qui se croit sorti de la cuisse de Jupiter.
Sans remonter au déluge et en se cantonant à la Cinquième République, admettez tout de même que celle-ci avait bien commencé, avec De Gaulle, qui, se prenant sans doute pour Alain Delon, parlait parfois de lui-même à la troisième personne. On avait dû lui laisser croire qu’il avait inventé la Résistance. Plus tard, son lointain successeur, Valéry Giscard, qui se disait « d’Estaing » et avait fini par croire qu’il descendait bel et bien, à la fois, de l’amiral d’Estaing et d’une soubrette engrossée par Louis XV (je vous jure que je n’invente rien !), avait établi, pour les réceptions à l’Élysée, un protocole qui exigeait qu’à table, il soit servi en premier, avant ses hôtes. Ce n’était plus Louis XV, mais son arrière-grand-père !
Naturellement, Mitterrand, en bon socialiste, avait des goûts simples. Il avait convoqué les participants de je ne sais plus quel congrès au château de Versailles, et, lorsqu’il avait envie de déjeuner avec ses amis, s’y rendait en hélicoptère. N’oublions pas non plus qu’il logeait sa maîtresse dans une luxueuse résidence appartenant à la République, quai Branly, et passait ses week-ends avec elle au château de Souzy-la-Briche.
Enfin, Sarkozy a fait main basse sur la résidence de vacances de son Premier ministre, le pavillon de la Lanterne, qui jouxte la château de Versailles, mais sans trop lui demander son avis. Fillon n’a plus qu’à prendre l’avion, chaque semaine, pour aller dans la Sarthe (qui est à cinquante minutes de Paris en TGV).
Par conséquent, et pour compenser la perte cruelle qui nous frappe avec la disparition de Ségolène Royal (pas mal placée, jusqu’ici, sur le plan de la modestie), Arnaud Montebourg, dont le réservoir d’électeurs (17 %) lui donne l’espoir, en faisant monter les enchères, de décider qui sera le candidat du PS pour l’élection présidentielle, se voit déjà Premier ministre, et le fait bruyamment savoir en distribuant des leçons à tout le monde. Il s’est déjà vanté d’avoir révolutionné la politique de son parti, et nous a ressorti, hier, cette antienne usée jusqu’à la corde et qu’on espérait ne plus jamais entendre : « Plus rien désormais ne sera comme avant ».