Les nouvelles précieuses ridicules

Publié le par Yves-André Samère

Qu’est-ce qu’une précieuse ridicule, en 2013 ? Eh bien, je vais le révéler à vos yeux éblouis. En 2013, elles ne sont pas très différentes de ce qu’elles étaient au temps de Molière, c’est seulement l’objet de leur charabia qui s’est enrichi.

Et comme je suis passionné (mes bons amis disent « obsédé ») par le langage, ses bizarreries, ses dérives et son évolution, ma définition actuelle est que cela consiste, entre autres, à chercher midi à quatorze heures.

Ainsi, puisque nous sommes sur le terrain du langage, une précieuse ridicule est une personne qui, par exemple, attribue une prononciation absurde à un mot étranger se prononçant EXACTEMENT comme il s’écrit en français. Comme l’espagnol patio, par exemple (où le « t » est un « t », et rien d’autre, ce qui n’empêche pas les niais de prononcer passio).

Déjà, on avait connu, quand il vivait encore, un attentat phonétique contre le grand réalisateur italien Dino Risi, constamment désigné sous le nom fantaisiste « Ridzi », alors que la lettre « s » entre deux voyelles se prononce « z », en italien comme en français.

Il y avait eu aussi, autrefois, le nom de ce fameux torero, Luis-Miguel Dominguin, régulièrement rebaptisé « Louisse-Migouelle Domine-Gouine », ce qui faisait bien marrer nos voisins espagnols. Les deux derniers « u » sont là uniquement pour durcir le « g », comme chez nous, donc ils ne se prononcent pas. Le réalisateur russe Pavel Lounguine, d’ailleurs, a pris la succession de Dominguin, ce qui l’aurait bien surpris, et a bénéficié, si j’ose dire, d’un traitement identique, puisque la plupart des critiques de cinéma, parlant à la radio, l’appellent « Loune-Gouine ». C’est aimable pour lui, merci ! En russe, Lounguine s’écrit Лунгин. Six caractères cyrilliques, dont le premier, Л, est notre « L » ; le deuxième, у, se prononce « ou » ; le troisième, н, est notre « N » ; le quatrième, г, se prononce comme un « G » dur ; le cinquième, и, est l’équivalent de « I » ; et le dernier, н, est encore notre « N ». Pas de gouine dans tout cela.

Et il y a toujours ce pauvre Spielberg, constamment désigné sous le nom de « Chpilbergue » (j’ai encore entendu cette grosse bêtise avant-hier dans la bouche de Stéphane  Bern), alors qu’il a eu la naïveté de naître aux États-Unis, à Cincinatti, mais qui, s’il avait été plus complaisant, aurait vu le jour à Munich.

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