Les oiseaux sont des auteurs !
Je pense avoir déjà dit tout le mal que je pensais du droit d’auteur, surtout quand, prolongé soixante-dix ans au-delà de la mort de l’auteur, il permet à des héritiers de se goinfrer durant ces décennies, alors qu’ils ne se sont donné que le mal de naître. Vous croyez peut-être que Serge Dassault, fils de Marcel qui était un génie de l’aéronautique, et qui n’est, lui, qu’un génie de la bourde réac, a mérité sa fortune qui lui permet d’acheter les voix de ses électeurs (la justice l’a condamné pour ça, donc je ne le diffame pas) ? Et BHL, un cuistre dont personne n’achète les livres, ce ne serait pas juste, qu’il soit contraint d’aller travailler en usine, pour changer un peu ? Sa fortune, il ne l’a pas gagnée, il l’a héritée de son père, qui avait fait fortune dans le commerce du bois.
Mais rions un peu du ridicule des défenseurs du droit d’auteur. Il y a un peu moins d’un an, un quidam dont le pseudonyme est Eeplox, qui avait mis sur YouTube une vidéo filmée en pleine nature et où l’on pouvait entendre des chants d’oiseaux, a été informé par YouTube (propriété de Google, rappelons-le), que la société Rumblefish, spécialisée dans la vente de licences de bandes musicales, se plaignait que la piste sonore de cette vidéo était protégée par le droit d’auteur. En général, elle propose aux contrevenants d’accepter de la publicité sur leur vidéo, publicité rapportant de l’argent dont elle touche une partie pour payer la licence d’exploitation – le reste allant à YouTube, et rien à l’auteur de la vidéo.
Naturellement, Eeplox a contesté la réclamation, argüant que, sur sa vidéo, on n’entendait que sa propre voix et des chants d’oiseaux, et YouTube a invité la firme Rumblefish à vérifier ses allégations. Elle l’a fait, et... a maintenu qu’elle détenait bien des droits sur la piste sonore de la vidéo.
Le problème, tout burlesque qu’il est, repose sur le fait que les violations du droit d’auteur sont détectées par le système automatique Content ID utilisé par Google, et qui n’est pas un système public, mais privé. Autrement dit, d’une part, aucun humain n’a vérifié quoi que ce soit, et d’autre part, Rumblefish et Google sont juges et parties.
Et les oiseaux, on leur a demandé leur avis ?