Les successeurs de De Gaulle
De Gaulle – mort il y a quarante ans jour pour jour –, tous ses successeurs à la présidence de la République se sont réclamés de lui, et tous... l’ont combattu. Que ce soit ouvertement, comme Mitterrand, ou hypocritement, comme tous les autres sauf Chirac.
Mitterrand a écrit plusieurs livres, mais le seul bon était son pamphlet contre De Gaulle, Le coup d’État permanent. Il y décrivait les viols successifs de la Constitution, et la manie du prétendu grand homme de multiplier les procès pour « offense au chef de l’État » : à une certaine époque, il y en avait quasiment un PAR JOUR ! Ainsi, cet homme, traduit devant un tribunal, parce qu’il avait crié « Ouh ! Ouh ! » au passage du chef de l’État (rigoureusement authentique). Le grand homme était aussi un homme mesquin.
Pompidou lui succéda. Il s’affichait comme gaulliste, mais, n’ayant pas pardonné au président de la République de l’avoir éjecté de son poste de Premier ministre pour le crime d’avoir évité toute mort d’homme lors des émeutes de Mai 1968, et d’avoir ensuite gagné les élections législatives (alors que le même De Gaulle s’était piteusement carapaté en Allemagne pour aller implorer l’aide du général Massu), il se reconvertit aussitôt dans une opposition larvée, lui glissant sous les pieds une fameuse peau de banane : se déclarer, au cours d’un séjour à Rome, candidat à la présidence de la République « en cas de » vacance du pouvoir – ce qui, rassurant les derniers partisans gaullistes, favorisa le « non » au référendum du 27 avril 1969 et la démission de l’imprudent général, qui s’était cru éternel, comme en janvier 1946, où, déjà, un désaccord avec « les partis » – prétendait-il, en fait, c’était LE très puissant Parti communiste – fut le signe que les chers Français lui montraient la porte.
Giscard, successeur de Pompidou, était connu pour son anti-gaullisme. On sait qu’avec son complice Poniatowski, il renseignait l’OAS au temps de la guerre d’Algérie. À une certaine époque, son opposition était si notoire qu’elle lui avait valu le surnom de « cactus ». Devenu président après avoir écrabouillé, à l’élection présidentielle de 1974 et dès le premier tour, Jacques Chaban-Delmas, le seul candidat gaulliste (et plutôt de gauche !), il nomma « Ponia » ministre de l’Intérieur et tenta de liquider ce qui restait du parti gaulliste. Malheureusement pour lui, les alliances électorales nécessaires le forcèrent à prendre Chirac comme Premier ministre, et ces deux-là se haïssent encore !
Mitterrand lui succéda, mais les élections législatives défavorables l’obligèrent à la première cohabitation, et Chirac revint, avec un parti prétendument gaulliste mais taillé sur mesure pour le faire élire à la présidence. Il ne réussit pas avant que Mitterrand ait accompli deux septennats, et lui succéda seulement en 1995. Naturellement, il ne cessa de proclamer sa « fidélité au général De Gaulle », devenue un gag récurrent, mais cela ne trompait personne, Chirac n’a jamais eu la moindre conviction politique... pas plus que son successeur Sarkozy. Lui aussi « gaulliste », comme tout le monde !