Madame Pinocchio
Madame Pinocchio... Pardon : Madame Taubira est fidèle à elle-même, et j’espère bien qu’au prochain festival de Cannes, on lui donnera le Grand Prix d’interprétation féminine. Pas tellement pour sa façon de faire le clown quand elle croit n’être pas vue, mais pour l’aplomb dont elle fait preuve lorsqu’on lui rappelle un comportement gênant politiquement.
Nous l’avons tous vue, au grand rassemblement socialiste de La Rochelle (ce que, dans ces milieux fortement intellectuels, on appelle « Université d’été »), lorsqu’elle est allée montrer aux députés socialistes qui s’opposent à Hollande et Valls, les fameux frondeurs, avec quelle ardeur elle les soutenait. Mais, interrogée à la radio et à la télévision, elle a nié l’évidence, argüant qu’elle n’avait pas pris la parole au cours de leur réunion publique. Ben voyons, elle l’avait prise à la sortie, mais ça ne doit pas compter quand c’est fait en dehors de l’estrade ! Être franche du collier à ce point, c’est trop de bonne foi, Cri-Cri, tu vas te faire une entorse à la colonne vertébrale, avec toutes ces contorsions. (Ne m’embêtez pas, je sais bien qu’on dit « entorse lombaire »)
Rappelons que la ministresse de la Justice s’est déjà fait prendre en flagrant délit de raconter des bobards, quand elle a exhibé un document de son ministère, qu’elle a agité sous les caméras, prétendant que ce papier PROUVAIT qu’elle ignorait l’existence d’une enquête sur une affaire vaseuse concernant Sarkozy. Mais ces salauds de journalistes avaient eu le vice d’extraire de la vidéo une image qui, fortement agrandie, montrait que le texte imprimé disait le contraire du discours de la dame, et PROUVAIT qu’elle était parfaitement au courant.
Menteuse et maladroite, elle est donc tout à fait à sa place dans ce gouvernement de charlots. Et si Hollande et Valls ne l’ont pas virée, c’est parce qu’elle est la dernière caution « de gauche » qu’ils ont encore sous la main, et qu’il vaut toujours mieux garder un adversaire près de soi que de le laisser gambader à l’extérieur. Après tout, ladite caution, en attirant sur son nom plus de deux pour cent des voix de gauche en 2002, en a privé Jospin, le seul candidat de gauche qui avait une chance (toutes les chances) de gagner l’élection présidentielle ; et que, en conséquence, nous nous sommes offert, avec Chirac II et Sarkozy, dix années supplémentaires de gouvernements de droite. Cet exploit valait bien d’en faire un ministre.