Magistrats intouchables. Pourquoi ?
Connaissant mon avis sur les fonctions respectives du président de la République et du Premier ministre, vous ne vous étonnerez pas si j’écris ici que j’attends avec impatience d’être nommé à l’Hôtel Matignon par le (futur) président François Bayrou. Dès ma nomination, j’ai l’intention de faire déposer, sur le bureau de l’Assemblée, et par un bon domestique... pardon, je veux dire : « par un député de la nouvelle majorité », un projet de loi qui supprime cette disposition légale interdisant de commenter une décision de justice.
C’est vrai, il a raison, Jean-Michel Apathie : cette interdiction fait, de la magistrature, un corps de facto au-dessus de tout soupçon (les policiers aussi sont au-dessus de tout soupçon, puisque assermentés, mais il n’empêche que, parfois, on les traîne devant un tribunal quand ils ont envoyé le bouchon un peu trop loin ; à un juge, même s’il vole des objets consignés au greffe, cela n’arrive jamais). En clair, cela signifie qu’un juge peut prendre à son aise une mauvaise décision, déshonorer sa fonction comme naguère le juge Pinsseau ou le juge Burgaud, ou s’endormir pendant des années sur un dossier, peu importe, on n’a pas le droit de le dire. En somme, le magistrat reste aussi intouchable que naguère le curé ou le médecin.
Or on voit mal pourquoi, attendu qu’il n’est pas magistrat de droit divin, mais uniquement après avoir fait des études spéciales et passé un examen. Ou alors, interdisons de critiquer le travail de l’avocat, de l’instituteur, de l’éboueur ou du vitrier.