Mais où se cache Ben Laden ?
Selon « Le Journal du Dimanche » du 22 novembre, on perd son temps à rechercher Ben Laden là où on le suppose habituellement : il ne se cacherait pas dans nul ne sait quelle grotte au sommet de quelque montagne, mais plutôt dans une grande ville du Pakistan.
C’est très vraisemblable, et il y a des précédents.
Ainsi, au temps de la guerre d’Algérie, l’OAS (Organisation Armée Secrète) s’opposait à la politique de De Gaulle consistant à larguer l’Algérie pour en faire cadeau à ces grands démocrates qu’étaient les chefs du FLN (Front de Libération Nationale, futur parti unique de l’Algérie indépendante et faux nez des militaires). L’OAS avait ses dirigeants, et le grand chef était le général Raoul Salan, secondé par le général Edmond Jouhaud, tous deux passés dans la clandestinité en avril 1961 (il y avait aussi le colonel Argoud). Des célébrités couvertes de gloire par leurs précédentes campagnes au sein de l’armée régulière, Salan étant, au surplus, l’officier le plus décoré de toute l’armée. Or des tas de légendes couraient sur l’endroit où ces gens, devenus hors-la-loi, se cachaient. Le plus souvent, on leur supposait des caches mystérieuses, dans les coins de campagne les plus reculés – voire à l’étranger, l’Espagne étant le pays le plus souvent nommé.
Or ils ont tous fini par se faire arrêter, en avril 1962. Jouhaud, qui était oranais, fut capturé à Oran, en plein centre de la ville, boulevard du Front de Mer, voisin du port, qu’il domine. Et Salan, à Alger, dans une rue très bourgeoise du centre, que je connais, à quelques centaines de mètres seulement du siège de la Dixième Région Militaire, rue d’Isly, dont il avait été cinq ans plus tôt le grand patron très officiel. En guise de camouflage, il s’était seulement laissé pousser la moustache !
Si ça se trouve, Ben Laden s’est simplement rasé la barbe.