Marine n’aime pas les ambassadeurs en slip
Dimanche, la nouvelle présidente du Front National et fille de son père a feint de se scandaliser du fait que l’ambassadeur de France en Tunisie se soit fait photographier en maillot de bain, et que sa photo se trouve un peu partout sur Internet. « Il est ambassadeur de France, tout de même ! », s’est-elle exclamée avec une vertueuse indignation.
D’abord, il n’est pas certain que Boris Boillon ait été ambassadeur au moment où la photo a été prise. Ensuite, je ne vois pas en quoi un beau garçon n’aurait pas le droit de se faire prendre en photo (en toute logique, d’ailleurs, il devrait faire la couverture du prochain numéro de « Têtu », ou il n’y a plus de justice). Et puis, ledit cliché n’a pas été publié sur un site officiel, il a été mis en ligne sur un site privé et ultra-commercial, Copains d’avant, où l’on ne peut accéder, après une période gratuite, qu’en payant une cotisation. Je le sais : il y a quelques années, voulant joindre quelqu’un qui n’était accessible que par ce moyen, j’avais dû m’inscrire et payer, je crois, 15 euros pour l’année.
Au fond, ces criailleries s’expliquent sans doute par le fait que notre Marine nationale a dû conserver quelques traces d’un double traumatisme d’origine familiale. Le premier choc a sans doute été causé par la publication d’une photo de son père, Jean-Marie Le Pen : un photographe caché l’avait surpris en train de changer de maillot de bain sur une plage exotique, à la Réunion si je me souviens bien. On voyait Le Pen de trois quarts dos, fesses nues, au-dessous desquelles apparaissait un détail (!) que ma pudeur naturelle et la pauvreté de mon vocabulaire m’interdisent de décrire plus précisément.
Et puis, il y avait eu sa propre mère, Pierrette Le Pen. En bisbille avec son mari, elle s’était vengée en se faisant photographier par le magazine « Lui » : uniquement vêtue d’un tablier de soubrette qui ne dissimulait – sommairement – que son côté face et pas du tout son côté pile, elle faisait mine de passer le plumeau et l’aspirateur dans un décor de salon bourgeois. Je ne me rappelle plus si cet épisode avait suivi ou précédé son divorce avec le Menhir, mais il est certain que ses trois filles, à la suite de cette séance artistique, ne lui ont plus adressé la parole.
Si Boris, devenu mon ambassadeur préféré, peut piocher dans les crédits de son ambassade (ça tombe bien, il peut maintenant économiser sur ses frais de représentation à Tunis), il devrait pouvoir offrir quelques séances de psychanalyse à Marine Le Pen.