Merci d’être là...

Publié le par Yves-André Samère

On ne peut pas ne pas le remarquer : à la radio comme à la télévision, les gens passent leur temps à se remercier les uns les autres. Sur une heure d’émission, il y a bien dix minutes de remerciements mutuels. L’animateur remercie les invités, qui remercient l’animateur de les avoir invités, lequel animateur remercie à son tour le public (qui oublie de remercier, mais parce qu’on ne lui tend pas le micro, sinon...), ses chroniqueurs et les chanteurs, puis tout le monde remercie le réalisateur et les techniciens, et ainsi de suite. On n’est pas très loin des génériques de fin, au cinéma, qui, désormais, durent TOUS au moins six minutes (mais j’en ai vu un de neuf minutes – je n’exagère pas) et mentionnent jusqu’aux assureurs, responsables de la cantine et chauffeurs des vedettes (je n’exagère toujours pas : dans un téléfilm de France Télévisions d’après Le lion de Joseph Kessel, on mentionnait le « chauffeur de Mademoiselle Anouchka Delon », laquelle avait... douze ans).

Quand l’évènement est un peu particulier, cela prend des proportions effrayantes. Ainsi, ce matin, l’animatrice de la matinale de France Inter faisait sa dernière émission, puisque les programmes changent lundi. Sa litanie de remerciements a donc duré cinq bonnes minutes, montre en main, et tout le monde y est passé : chaque individu ayant un lien plus ou moins direct avec l’émission a reçu sa part, et elle a même nommé un « brigadier » dont je n’ai pas compris de qui il s’agissait (un policier du quartier ? Et le pompier de service, alors ?). On se serait cru au festival de Cannes de 2010, lorsque Juliette Binoche, qui avait décroché un prix d’interprétation, avait successivement nommé... dix personnes, et ajouté à la liste ses parents, ses enfants, et fait part de son regret de n’avoir su garder les hommes qu’elle avait aimés, ce qui était du plus haut intérêt pour le public. Ou encore, les remerciements à rallonge de Marion Cotillard, pleurs en sus, qui ne voit autour d’elle que « de belles personnes », qu’elle doit absolument remercier.

À vrai dire, la présentatrice de France Inter a commis quelques oublis, ce matin. Elle aurait pu, cette ingrate, remercier l’architecte de la Maison de la Radio, les ouvriers du bâtiment qui ont rénové les studios à l’occasion du désamiantage de l’édifice, plus la foule des inventeurs qui ont permis l’invention de la radio, Marconi, Branly, et pourquoi pas les précurseurs comme Thomas Edison ou Graham Bell ? Faut pas faire les choses à moitié, quand on remercie, on remercie.

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