Moi ch’fais très attention
Réécouté hier une émission de France Inter datant du début d’août. C’était Le masque et la plume, dans son édition consacrée aux livres. Là, au courrier, un auditeur se plaint de ce que les critiques, tous plus lettrés les uns que les autres, disent trop souvent « UN espèce de... », alors que le nom espèce est, comme chacun sait, du féminin. Cet auditeur est donc dans le vrai.
Aussitôt, l’une des critiques, Olivia de Lamberterie (encore une de ces filles d’ouvrier qui pullulent dans les médias), tête de linotte dont je me demande souvent ce qu’elle fabrique dans ce métier où l’on est censé se consacrer à la culture, intervient : « Moi, chaque fois que je fais cette faute, ma mère m’écrit pour me sermonner. Aussi, je fais très attention ».
Je devine qu’après cette intervention, madame sa mère a dû lui écrire une fois de plus, car cette pseudo-critique littéraire emploie l’expression très attention, qui est une belle faute de français. Je crois avoir déjà expliqué qu’on ne peut pas placer un adverbe – comme très – devant un nom – comme attention. Les adverbes accompagnent les verbes ou les adjectifs, pas les noms.
La faute est plus que répandue : ça me fait très plaisir, j’ai très faim, il a eu très peur, etc. On entend cela tous les jours, mais le fait d’être très répandu n’est pas forcément la marque de l’exactitude, et la bonne façon de s’exprimer ne relève pas de la démocratie – ni de la médiocratie.
Il tombe sous le sens qu’existent des exceptions apparentes : « Ils sont très amis » n’est pas une faute, puisque ami peut être aussi bien un nom qu’un adjectif.