Mots nouveaux, méthodes anciennes

Publié le par Yves-André Samère

Comme chaque année à pareille époque, le dictionnaire des cancres, autrement dit le Robert, sort une nouvelle édition. Et comme chaque année, la presse nous gratifie d’un déluge d’articles sur le thème immuable (les cons disent « incontournable ») des mots nouveaux : ceux qui entrent dans le dictionnaire cette année, et n’en sortiront jamais, à en croire Alain Rey, qui pilote ces éditions.

Vous imaginez sans doute que, pour écrire ces articles, les gratte-papier qui en sont les auteurs se sont munis : 1. du dictionnaire de l’année dernière, et 2. du dictionnaire qui sort cette année. Puis les ont posés côte à côte sur leur bureau et en ont feuilleté TOUTES les pages pour en comparer le contenu !

Mais non, je galège, vous n’êtes pas assez naïfs, et vous vous doutez bien que c’est l’éditeur qui a envoyé à tous les journaux la liste des mots nouveaux. Par conséquent, tous ces articles de presse, qui sont semblables quant au contenu, ne sont jamais que de la publicité. Et maintenant, regardez bien vos journaux, et dites lequel mentionne qu’il publie de la pub. Pas un !

Bref, c’est de la publicité rédactionnelle, c’est-à-dire de faux articles informatifs, où la pub est noyée dans l’information. À vous de comprendre que l’objet de cette prose est formidable, et que vous devez vous précipiter pour l’acheter. Les hebdomadaires en sont farcis, amusez-vous à chercher un peu. Dès qu’un journaliste torche un article dans lequel il ne dit que du bien de la camelote dont il parle, vous pouvez être certain que, chez le fabriquant, on a su se montrer compréhensif. Ainsi, travailler dans une revue technique vous ouvre des horizons : si vous testez une nouveauté, ordinateur, téléviseur, appareil photo, tablette numérique, console de jeux, rasoir électrique, tapis de course, machine à café, etc., on vous livre le bidule dont vous allez faire le banc d’essai, mais on oublie de le récupérer après la parution de votre article !

(Pour le dictionnaire Robert, le cadeau serait trop mesquin, on vous fera porter une encyclopédie complète)

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

Y
À ce long commentaire, réponse ici :<br /> <br /> http://y-a-s.over-blog.fr/article-quand-je-commente-un-commentaire-107845476.html
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G
Vous n'avez pas tort sur une chose: bien évidemment, les éditeurs (et Larousse autant que Robert) transmettent la liste des nouveaux mots aux journalistes, car aucun journaliste n'aurait le temps<br /> ni la compétence pour effectuer ce travail (tester le nouvel ipad, c'est bien plus à leur portée). Cela dit, les journalistes sont libres de présenter ces informations comme ils le souhaitent et,<br /> sauf s'ils travaillent pour des journaux qui n'en sont pas et se contentent de reprendre les dépêches AFP telles quelles, ils ne se privent pas de critiquer! (cette année, on a assez raillé<br /> l'entrée tardive de "lol", par exemple)<br /> Donc même si, effectivement, le fait qu'on parle des nouveaux mots fait de la pub aux éditeurs de dictionnaires, je ne pense pas que ce soit réllement critiquable (en plus, ça m'étonnerait<br /> franchement qu'ils offrent des encyclopédies complètes, vu le coût de ce genre d'ouvrages et la difficulté qu'ont les éditeurs à se maintenir à la surface). Pensez-vous que les journaux devraient<br /> arrêter de parler des films qui viennent de sortir ou des expositions en cours par exemple, sous prétexte que cela peut donner envie aux gens d'aller les voir? (selon votre point de vue, c'est<br /> aussi de la pub, non?)
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Y
En effet, il est INDISPENSABLE d’avoir de nombreux lecteurs. Donc je suis à l’abri de la tentation !
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D
Et ça marche aussi pour les voitures? je veux bien écrire des tas de compliments sur la dernière Ferra-Royce-cedes-W,moi!<br /> Ah mais c'est vrai, je n'y pensais plus...je ne suis pas journaliste.
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