« Mourir d’aimer » sur France 2

Publié le par Yves-André Samère

Le téléfilm diffusé hier soir par France 2, et qui s’inspirait à la fois de l’affaire Gabrielle Russier et du film d’André Cayatte, était loin d’être satisfaisant. Et cela, pour deux raisons au moins. Mais d’abord, les points positifs, concernant l’interprétation.

Si Muriel Robin est plausible en dépit du fait que son personnage se laisse séduire un peu vite, son jeune partenaire surprend d’abord, mais ensuite se révèle assez convaincant. Et la réalisation est plutôt soignée : l’accessoiriste n’a commis aucune faute, et l’époque, 1980-1981, est parfaitement reconstituée... même si elle ne correspond pas aux faits réels, qui se sont produits bien plus tôt.

Et c’est justement sur cette question de temps que le bât blesse. En effet, on a déplacé l’affaire, sans raison apparente, de 1968-1969 à 1980-1981. Or, après justement l’éclatement de la véritable affaire Russier et la déclaration de Pompidou, président de la République, faite trois semaines après le suicide de la malheureuse, la mentalité a changé, en France, et on peut douter que, douze ans plus tard, cette femme eût été poursuivie pour détournement de mineur ! D’autant plus que Giscard avait fait rabaisser l’âge de la majorité civile (pas la majorité sexuelle, je le sais, mais les deux notions ne sont pas sans lien) de vingt-et-un à dix-huit ans. Le couple Rossi, les parents du mineur « détourné », dépositaire de la plainte, aurait sombré dans le ridicule, et on peut douter que le procès, et surtout l’appel a minima du Parquet après une première condamnation « trop légère » de madame Russier, aurait eu lieu, en 1981.

Autre bévue scénaristique, on a distendu au-delà du raisonnable la différence d’âge entre Gabrielle et son jeune amant Christian Rossi. Dans la réalité, elle avait trente-deux ans, et lui dix-sept ans et demi (et non pas seize, comme l’affirme Wikipedia). Il était en terminale, et non pas en seconde, et, d’allure très adulte, portait la barbe. Rien à voir avec le couple du téléfilm, avec ce garçon de moins de seize ans et cette femme qui avait « presque le triple de son âge », comme le dit le dialogue, qui a dû confondre avec une chanson de Dalida. En somme, la différence d’âge a été doublée, et l’idylle apparaît beaucoup moins plausible.

Et puis, Muriel Robin ne fait qu’une nuit de prison (à titre d’intimidation, prétend le juge d’instruction !), n’est menacée d’aucun procès, et se suicide, en somme, sans raison...

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