Nous sommes tous des ours blancs

Publié le par Yves-André Samère

Lorsque, avant-hier, on nous a annoncé que le GIEC allait rendre son rapport sur le célèbre réchauffement climatique sans lequel les journaux devraient ressortir la santé du pape et les reportages sur les francs-maçons et le mal au dos, j’ai immédiatement parié avec moi-même (je vous ai déjà signalé que ce sont les paris que je préfère, puisque je gagne toujours) que, dès les J.T. du soir, on aurait droit à la sempiternelle image de l’ours blanc isolé en mer sur son petit bloc de glace. Qui n’a pas cette image dans sa vidéothèque ? Il est frais, mon ours blanc, il est frais ! Rappelons à ceux qui n’étaient pas là ce que j’ai récemment écrit : que l’ours blanc sait très bien nager – d’ailleurs, il se nourrit de poissons qu’il va chercher dans la mer –, et qu’il ne peut vivre que dans le froid. Donc il est le dernier à souffrir de la situation.

Ça n’a évidemment pas raté, on a eu droit, dans le seul mini-journal de Canal Plus, à DEUX images du malheureux plantigrade, et je finis par estimer déloyal ce genre de pari mentionné plus haut, puisque, justement, je ne risque jamais de perdre.

Il faut dire que l’escroquerie médiatique marche à tous les coups, donc ces messieurs-dames des médias auraient tort de se priver. Et l’effet a été immédiat, puisque ce matin, sur France Inter, afin d’illustrer l’initiative d’enfants de je ne sais quel quartier dans je ne sais quelle ville, et qui ont entrepris de nettoyer les abords de leur collège « puisque personne d’autre ne le fait » (salauds d’adultes !), on nous a régalés d’un de ces micro-trottoirs sans lesquels, etc., et voir plus haut. En effet, on a entendu un de ces gosses nous expliquer qu’il avait contribué à ce nettoyage parce qu’il pensait aux ours et qu’il ne voulait pas que la banquise fonde. Je suggèrerais plutôt à cet affreux moutard sans cervelle de venir nettoyer les abords des Halles de Paris, qui ne voient pas souvent les équipes de nettoyage de l’Hôtel de Ville. Mais le rapport entre les papiers gras et les mégots sur la chaussée aux abords de son collège, d’une part, et les ours blancs du pôle Nord d’autre part, était suffisamment évident pour que le porteur de micro de France Inter ne pousse pas les investigations plus loin en lui demandant par quel cheminement intellectuel il était passé pour sauter ainsi du coq à l’âne, ou plutôt à l’ours.

Mais moi qui ai mauvais fond et qui suis très friand de l’information tire-larmes, quasiment la seule à laquelle on a droit désormais, je souhaiterais qu’on enferme dans une même cage l’enfant ET l’ours qui lui tient tant à cœur, et qu’on filme la suite pour le prochain journal télévisé.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

D
Non, ne sacrifiez pas un garçon si prometteur. On en fera un journaliste.<br /> Je vous prête ma belle-mère.
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