On rejoue Marcel Aymé
On se décide enfin à rejouer Marcel Aymé : le Théâtre du Vieux-Colombier reprend sa pièce La tête des autres, pamphlet virulent contre la justice en général et la peine de mort en particulier. Si vous aimez Laurent Laffitte, c’est lui qui joue Valorin, le condamné à mort. Tâchez de lire la pièce si vous ne pouvez pas la voir, elle vaut le détour ! Au moins pour son premier acte, où le sujet est traité. Ensuite, l’intrigue s’enlise.
Marcel Aymé était considéré comme étant de gauche, au moins au début, et il a collaboré à « Vendredi », un journal qui soutenait le Front Populaire, mais il disait que c’était surtout pour gagner sa vie. En tout cas, il est certain qu’il n’adhérait pas vraiment aux idées de gauche, et il a reproché au Front Populaire « d’avoir inventé et suscité le fascisme français pour le plaisir de faire des cartons », ce qui n’est pas une opinion très orthodoxe... Mélenchon a-t-il lu Marcel Aymé ?
Il s’est du reste fait virer du journal pour avoir dit « Je me fous du socialisme et de ses cabotineries ». C’est sans doute un peu ce qui lui vaut d’être si peu joué aujourd’hui. Voyez son absence d’illusion sur ses compatriotes : « Si l’on mettait aux voix la meilleure façon d’accommoder le pot-au-feu, les Français s’entredéchireraient pour faire triompher, les uns une recette de droite, les autres une recette de gauche ».
Bref, Aymé se considérait surtout comme un anarchiste. Et rappelons à ceux qui croient encore qu’un anarchiste est un type qui pose des bombes, que ce n’est pas du tout ça. Un anarchiste croit simplement que ceux qui nous gouvernent ne sont pas dignes de gouverner. Rien d’autre !