Osons ne plus voir les films d’Ozon
Hier est sorti le film de François Ozon Jeune et jolie, histoire d’une lycéenne de 17 ans qui se prostitue, non pas pour gagner de l’argent car elle est d’une famille bourgeoise qui n’en manque pas, mais comme cela, « pour s’éprouver, mesurer son pouvoir, découvrir ses limites » – ce baratin à la mode étant imprimé noir sur blanc dans « Le Canard enchaîné » de cette semaine, sous la signature de David Fontaine.
Or, justement, je m’étais dit que je n’irai pas voir ce film, car ce sujet me laisse de glace, et parce qu’Ozon m’agace depuis des années, par son habileté à faire parler de lui, par le manque d’intérêt de ce qu’il raconte (il a tout de même filmé deux médiocres pièces de boulevard, Huit femmes et Potiche), et par son obstination, lui qui est notoirement homosexuel, à ne filmer que des femmes. Et donc, depuis des années, je me répète qu’Ozon rame tant qu’il peut pour qu’on dise de lui qu’il est le George Cukor français – Cukor étant ce célèbre cinéaste d’Hollywood qui était dans la même situation exactement, et tout le monde le savait, de son temps comme aujourd’hui.
Eh bien, alors que je me faisais ce matin la même réflexion, je la trouve textuellement en conclusion de l’article (élogieux) du « Canard », qui conclut ainsi : « Ozon, cinéaste du féminin, ambitionnerait-il d’être le Cukor français ? ».
(Cela dit, Cukor avait davantage de talent, et il employait des vedettes un peu plus prestigieuses, dont l’équivalent n’existe pas en France. C’est lui, dans Autant en emporte le vent, qui avait filmé l’incendie d’Atlanta, avant de se faire virer par le producteur pour divergences de conceptions artistiques. Vous imaginez Ozon filmant l’incendie de Moscou en 1812 ?)