Pan ! sur les mutuelles
Le ministère qui fonctionne le mieux en France, celui de la Santé (mais non, je blague), est à l’origine de la « loi de financement 2010 de la Sécurité sociale », qui est entrée en application le 1er janvier, et qui a créé un nouveau taux de remboursement de certains médicaments, à 15 % seulement. Raison invoquée pour ce faible remboursement : les médicaments concernés offrent un « service médical faible ou insuffisant ».
Normalement, vous devez entendre de chez vous les échos de la tempête de rires qui a salué cette innovation. En effet, si lesdits médicaments sont insuffisants, peu ou pas du tout efficaces, pourquoi les rembourser, même partiellement ?
Bien sûr, bien sûr, il fallait faire quelque chose pour ralentir la consommation des médicaments. La France, selon l’OCDE, est au quatrième rang mondial pour la dépense de médicaments par habitant, et cette situation fait surtout le bonheur des labos pharmaceutiques, dont le chiffre d’affaires a augmenté de 2,3 % en 2009, avec une balance commerciale bénéficiaire de plus de 6 milliards d’euros.
Ce déremboursement va-t-il sauver la situation ? Ou n’aura-t-il que l’effet d’une miction dans un violon ? Poser la question, c’est y répondre : il va permettre d’économiser 145 millions d’euros par an, alors qu’on attend 30 milliards de déficit pour cette année ! Économie : 0,48 %. La Sécu est sauvée, non ?
En fait, tout le monde a compris : le gouvernement instaure une nouvelle tranche, celle des 15 %, et compte sur les mutuelles pour boucher les trous. En d’autres termes, les charges de remboursement passeront du régime obligatoire, la Sécu, vers les mutuelles, qui sont des organismes complémentaires auxquelles nul n’est tenu d’adhérer. Adroit. C’est la même technique que celle consistant à alléger les impôts directs – nationaux – ce qui oblige les municipalités à augmenter les impôts locaux.