Panthéonisation
En France, quand nous avons de grands hommes (et je précise tout de suite que cette expression englobe aussi les femmes, conformément à la grammaire qui en fait un terme générique), nous pouvons faire deux choses : classer comme monument historique l’endroit où il est né, où il a vécu, où il est mort. Et, parfois, en faire un musée, comme la maison de Victor Hugo sur la Place des Vosges, ou celle de Balzac, qui se trouve Rue Raynouard. Enfin, si l’État veut mieux faire, il installe sa dépouille au Panthéon, énorme église qui ne sert plus qu’à ça, ce qui tombe bien, car l’endroit est lugubre et n’attire jamais le moindre visiteur.
À ce propos, on a entendu, dimanche sur France Inter, l’ancien avocat et ministre de la Justice, Robert Badinter, interrogé sur cette grave question, avouer qu’il aimerait voir au Panthéon la dépouille de Simone Veil, qui a plus fait pour les femmes que la totalité des émasculeuses du MLF. Je serais assez d’accord sur ce choix, mais il reste un petit détail auquel Bob n’a peut-être pas pensé : l’intéressée est-elle partante pour y aller tout de suite ? Si oui, en voiture, Simone !
Aux États-Unis, c’est simple, ils n’ont rien. Certes, je sais bien qu’à l’occasion, on donne dans la discrétion, et on fait sculpter une montagne pour y faire figurer la tête de quatre présidents à seule fin qu’Alfred Hitchcock puisse y tourner la scène finale d’un de ses films, mais ça ne risque pas d’arriver chez nous, aucun président n’a eu la tête assez grosse pour cela, sauf De Gaulle évidemment, mais il avait la manie de ne pas vouloir se mêler à la foule de ceux qu’il estimait inférieurs à lui, puisqu’il était la France. Alors, on se rabat sur le menu fretin.
Toujours aux États-Unis, plus rigolo, on a classé monument historique la maison où Steve Jobs et son copain Steve Wozniak ont fabriqué, dans le garage (disait Jobs, et il mentait), le premier ordinateur personnel Apple. La maison n’a rien de spécial, et j’oserai dire que Jobs non plus, hormis le seul génie qu’il possédait, celui de la publicité, qui a réussi à faire passer sa bécane pour une grande invention faisant honneur à l’Humanité. Je ris.