Pas de culture à la télé !

L’année dernière, le chroniqueur littéraire du Grand Journal de Canal Plus, très compétent et pas du tout lèche-bottes, je le précise, s’appelait Ollivier Pourriol. Oui, Ollivier avec deux L. Je suis très friand de ces prénoms bizarrement orthographiés : André Pieyre de Mandiargues, Denys de la Patellière, Henry de Montherlant (il s’appelait tout bêtement Henri), Cyril Lignac, Anne-Aymone Giscard, pour ne rien dire de Térébentine Duflot, prénom ainsi orthographié pour qu’on ne le confonde surtout pas avec le nom d’un produit pharmaceutique (mais qui diable aurait cette idée, avec un prénom aussi raisonnable ?).

Pourriol n’a tenu qu’un an, mais son éjection du Grand Journal était prévue depuis longtemps, car, esprit un peu trop libre, il n’était pas apprécié de Denisot et de ses acolytes. Trop cultivé, or il n’était pas là pour promouvoir la culture...

Dans un livre pamphlet publié ultérieurement, ON/OFF, il raconte que, engagé à raison de dix mille à quinze mille euros par mois simplement pour être là, on lui interdisait, au surplus, de parler avec les invités. Un jour, il se trouvait au maquillage avec François Bayrou, et comme tous deux sont agrégés, ils se sont mis à parler littérature, mais se sont fait surprendre, et l’engueulade a fusé : « Ollivier, tu connais la consigne, on ne parle pas aux invités ! – Mais on parlait de livres, pas de politique. – C’est comme ça, la consigne, c’est la consigne ! ».

Tout le monde savait, dans la maison, qu’il serait viré en fin d’année, la nouvelle était d’ailleurs dans les journaux, mais jamais on ne le lui a dit en face. Histoire de faire un test pour constater à quel point on ne tenait pas à lui, Pourriol s’est abstenu, pendant le Festival de Cannes, de venir au Grand Journal ; eh bien, personne ne s’en est aperçu !

Aujourd’hui, c’est le tour de Denisot de prendre la porte, en feignant un départ volontaire. Apparemment, Pourriol va déboucher une bouteille de champagne, le dernier jour.